La grogne de la Confédération marocaine de TPE-PME
s’accentue. Le mutisme de la Primature et des départements de l’équipement et
de l’industrie face à ce que la confédération considère comme exclusion des TPE
non classifiées du marché public, continue de susciter la colère de cette
instance qui représente environ 4 millions d’unités productives, soit 95% du
tissu économique.
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La confédération présidée par Abdellah El Fergui a saisi le
chef de gouvernement, Abdelkader Amara et Moulay Hafid Elalamy quant au
«préjudice» que porte une récente circulaire du ministère de l’intérieur aux
très petites entreprises ayant longtemps milité pour accéder à la commande
publique.
La circulaire en question est celle relative au système de qualification
et de classification des entreprises de construction et travaux publics
adressée en mi-février par le ministère de l’intérieur aux walis et
gouverneurs. «Nous n’avons toujours pas eu de réponses officielles quant à
notre requête. Cette décision vient à l’encontre des quelques acquis que l’on a
pu avoir et surtout à l’encontre des orientations stratégiques visant à
accompagner, à appuyer et à promouvoir la très petite et moyenne
entreprise», indique à ALM le président de la Confédération marocaine de
TPE-PME.
La circulaire telle qu’elle est définie impose le système de qualification
et de classification des entreprises œuvrant dans le BTP comme un outil de
sélection des participants aux appels d’offres. Ce système, relève-t-on de la
circulaire, a donné des garanties tangibles quant à l’efficacité, la technicité
et le financement de l’entreprise qualifiée. La qualification et la
classification sont attribuées par une commission habilitée composée de
représentants de ministères et d’organisations professionnelles. Ce process
d’octroi est également pointé du doigt par la confédération.
Outre la lourdeur et la complexité des procédures, Abdellah El Fergui cite
également la falsification des données présentées par un bon nombre
d’entreprises. «Auparavant , l’entreprise devait non seulement justifier son
dossier avec des documents attestant ce dont elle possède comme moyens
matériels et humains mais il y avait également des commissions régionales qui
se rendaient sur place pour contrôler et vérifier la véracité des informations
fournies. Aujourd’hui, le recours se fait uniquement sur la base de
présentation de documents ce qui ouvre la voie à la fraude»,souligne M. El
Fergui. Et d’ajouter que «cette décision cautionne non seulement des
entreprises ayant des classifications falsifiées mais également une catégorie
d’entreprises dont la plupart sont présentes sur l’axe Casablanca-Rabat
écartant ainsi les petites entreprises dans les régions qui n’ont pas d’autres
sources d’activité que le marché public». Selon M. El Fergui, cette circulaire
profiterait avant tout aux gros comptes.
«Les 40 milliards de dirhams investis dans le marché public iront à 1,5%
des entreprises du Maroc au moment où 95% du tissu économique est d’emblée
écarté. C’est inconcevable. Il ne faut pas oublier qu’avant de grandir, toutes
les entreprises sont passées par le stade de la TPE. En adoptant une telle
décision quel espoir donnera-t-on aux jeunes porteurs de projets?», s’interroge
M. El Fergui. Le président de la Confédération marocaine des TPE-PME lance un
appel franc à toutes les instances afin de placer la TPE au cœur des priorités
conformément aux Hautes orientations royales. «On ne cessera de le répéter, le
système privé a atteint ses limites. Il est temps de revoir un nouveau modèle
pour insuffler une nouvelle dynamique économique au niveau national. Et pour ce
faire, la CGEM doit se joindre à nous pour défendre la cause des TPE qui sont
un levier économique indéniable, notamment dans les régions», conclut-il.