Dans ce sillage, je dévoile, dans une première série de quatre articles, les conclusions d’une étude récente sur la commande publique réalisée par le cabinet C.M.P. (Centre des Marchés Publics).
Je vous partage gratuitement des leçons appuyées par des chiffres, des faits, des expériences et des analyses d’expert spécialiste.
A vous, la lecture du 1er article ..
Au Maroc comme ailleurs dans le
monde, le confinement, prescrit comme mesure anti-Covid-19, engendre des
conséquences drastiques sur les plans économique et social [1].
Elles n’épargnent ni secteur privé ni secteur public, y compris les activités
liées à la passation et à l’exécution de la commande publique.
Face à cette crise imprévisible,
les autorités gouvernementales marocaines ont pris une dizaine de mesures financières et juridiques. A titre d’exemple,
on cite le déplafonnement de l’endettement extérieur pour couvrir
l’augmentation inévitable des besoins de financement ; la suspension
provisoire des opérations d’engagement des dépenses non essentielles dans le
but de maitriser le budget et réorganiser les priorités ; l’encouragement
de la dématérialisation des procédures de passation des marchés et des échanges
entres les contractants pour éviter la contamination due au contact physique et
à la circulation des papiers, combien volumineux en la matière ;
considération du confinement comme cas de force majeur dans le cadre du suivi
de l’exécution des marchés publics pour éviter aux entreprises l’application
des pénalités de retard, etc. (Lire aussi notre article pour connaitre l’ensemble
de ces mesures)
En principe, l’objectif global poursuivi
par ces mesures d’accompagnement consiste à assurer, en toute sécurité
sanitaire, la continuité des activités de passation et d’exécution de la
commande publique pendant la période de l’état d’urgence [2]. Cette continuité est de nature à pérenniser, à un
certain niveau, les opportunités d’affaires publiques destinées au secteur
privé et, en conséquence, à garantir la contribution de la commande publique
dans les efforts de limitation des perturbations induites par la crise de la
Covid-19 sur l’entreprise et l’économie nationales.
Globalement, le nombre de ces
opportunités, enregistrés durant ces deux périodes, est passé de 13.153 en 2019
à 7.901 en 2020, soit une baisse de 5.252 opportunités d’affaires (-39,93%). Dans
le même sillage, l’évolution sectorielle de la commande publique est également décroissante.
Au fait, les opportunités dédiées
aux entreprises de travaux sont passées de 5.541 en 2019 à 3.260 en 2020, soit
une baisse de 2.281 opportunités d’affaires représentant en pourcentage 41,16%.
La même tendance est enregistrée chez les sociétés de fabrication et/ou de
vente des produits et de matériels et celles qui vendent des prestations de
services. La baisse des opportunités pour ces deux catégories d’entreprises est
établie respectivement à 960 ( -36.55%) et 2.034 ( -40.81%).
A titre d’exemple tiré du secteur des travaux, le nombre des marchés liées
aux constructions et aménagements y compris les seconds œuvres sont passées de
2.642 en 2019 à 1.378 en 2020, enregistrant ainsi une baisse de 1.264
opportunités, soit un taux de -47,84% en défaveur des entreprises de cette
branche économique.
Sur un autre volet, les marchés
réservés aux TPE et PME subissent la même tendance baissière. Ainsi, durant les
mêmes périodes de référence (103 jours), les TPE et PME ont perdu environ 1.384
opportunités, représentant une baisse de l’ordre de 41,61%, toutes prestations
confondues.
En termes de volume, les dépenses
d’investissement émises durant le premier semestre 2020 ont baissé de près de
1,5 milliard de DH soit un taux de -4,5% par rapport au premier semestre 2019,
selon la situation des charges et ressources du Trésor (SCRT) publié le 17
juillet 2020 par le Ministère de l’Economie et des Finances et de la Réforme de
l’Administration.
Sur un autre registre, les
marchés passés durant la période du confinement ont fait l’objet de critiques.
sur le plan de la transparence et de la concurrence [3].
D’après ce qui précède, on peut conclure que, à cause de la crise Covid-19 :
- Les entreprises privées ont perdu environ 40% des marchés programmés durant une période ne dépassant pas 103 jours et qui coïncide avec le confinement ;
- Un flux de 1,5 milliards a perdu son chemin vers les caisses des titulaires des marchés pendant le premier semestre 2020, sachant que ce montant concerne les seules dépenses d’investissement ciblées par la SCRT précitée ;
Finalement, on peut dire aussi que :
- Sans les mesures d’accompagnement prises par le gouvernement pendant la période précitée, l’impact ressenti devrait être plus sévère. D’ailleurs, la loi des finances rectificatives 2020 mise encore sur l’investissement public pour relancer les activités économiques (Le 4ème article de cette 1ère série sera consacré à l’analyse de la contribution de la commande publique dans les efforts de la sortie graduelle de la crise économique actuelle)
- Le degré de l’impact de la récession de la commande publique varie d’une entreprise à une autre, en fonction de son secteur d’activité, de sa taille, de son expérience et surtout sa capacité de mettre en place une stratégie commerciale dédiée domaine des marchés publics (Le 3ème article de cette 1ère série sera consacré à la stratégie commerciale des entreprises privées dédiée à la commande publique)
Hicham ETTEZGUINI, Centre des Marchés Publics
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[1] Cette
étude se limite uniquement sur le plan économique et précisément la commande
publique en tant qu’opportunité de travail pour des milliers d’entreprises.
[2] Pour
le présent article on entend par commande publique les marchés de l’Etat, des Collectivités
Territoriales et des établissements et entreprises publics publiés sur le
portail des marchés publics.
[3] La
transparence et la concurrence des marchés font partie des questions posée
durant la période de l’état d’urgence. Notre prochain article traite le sujet de
la compétitivité des marchés publics suivant une approche
juridique et factuelle tenant comme exemple les marchés publics du Ministère de
la Santé.
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