Le secteur énergétique connaît sa petite révolution verte.
Au moment où Masen se retrouve, dans la foulée de la mise en service de sa
première centrale, aux commandes de la stratégie nationale sur les énergies
renouvelables, la branche électricité de l’Office national de l’électricité et
de l’eau potable (ONEE) se prépare aussi en interne à cette nouvelle donne de
marché.
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L’organisme public compte en effet se doter «d’une plateforme de
gestion et de supervision des énergies renouvelables». Ce chantier, en particulier,
rejoint directement le «pilotage stratégique unifié» et le renforcement des
«liens organiques» proposé samedi dernier, par instructions royales, entre
Masen et l’ONEE. La plateforme qui sera mise en place permettra ainsi à
l’Office de gérer ses contrats d’approvisionnement en électricité de sources
renouvelables. Le montage de la structure passera d’abord par «une revue des
conditions de raccordement des centrales de production à base d’énergies
renouvelables au réseau électrique de transport et de distribution de
l’Office», selon les explications d’une source proche du dossier. Il s’agira
ensuite de définir des outils d’aide à la décision à prévoir par l’ONEE pour
faire face à l’intermittence de la production des parcs en énergies
renouvelables. La définition des informations que la plateforme et les sites de
production doivent échanger, ainsi que du système de raccordement de la
plateforme avec le dispositif de conduite (EMS) du réseau électrique HT/THT
existant, sont aussi parmi les projets. A cela devrait s’ajouter l’élaboration
d’une stratégie de conduite et de placement pour maximiser l’intégration des
énergies renouvelables.
L’Office vient parallèlement de lancer un appel à manifestation d’intérêt pour
une étude d’évaluation de la capacité d’accueil du réseau électrique THT/HT en
énergie renouvelable. L’objectif est de faire le point sur le dispositif
infrastructurel de l’office sur la base du plan de développement du réseau
national et des moyens de production disponibles et à venir. Ces chantiers
offrent le parfait prélude à une seconde étape dans la courbe de maturité du
marché national des énergies vertes. Le législateur fignole les nouveaux textes
réglementaires sur les modalités et conditions d’accès de la production privée
au réseau national à basse et moyenne tension. Une proposition a été examinée
en fin de semaine dernière par le Parlement.
L’ONEE reste en effet le principal client des projets de production à grande
échelle développés dans le cadre de la feuille de route du Royaume sur les
énergies nouvelles (solaire, éolien et hydroélectrique). Les ambitions de cette
feuille de route ont été récemment relevées de 42% du bouquet énergétique
national à l’horizon 2020, à 51% d’ici 2030. Ce qui devrait correspondre à une
capacité cumulée de 5.000 MW à installer pour chacune de ces filières. L’Office
sera le principal bénéficiaire de cette montée en régime du dispositif de
production. Dans le cadre du contrat-programme avec l’Etat, l’organisme devrait
compter sur une capacité additionnelle de 3.692 entre projets publics et offre
privée. Près de 1.890 MW sera à base de sources d’énergies renouvelables.
Redistribution des cartes
Le développement des potentiels éolien et hydroélectrique
était jusque-là sous la responsabilité de l’ONEE, là où Masen avait la
particularité de se spécialiser sur les technologies solaires. Sur la filière
éolienne, les derniers acquis sont relatifs à la mise en projet du programme
éolien intégré de 850 MW. L’offre la plus compétitive a été présentée par un
consortium mené par Nareva Holding, la filiale énergies renouvelables de SNI.
Le groupement est composé de l’Allemand Siemens Wind Power et de l’Italien Enel
Green Power. Ce lot de 5 centrales est la seconde composante du plan éolien
national qui vise un potentiel de 2000 MW à l’horizon 2020. Pour l’instant,
l’Etat veut une vision cohérente dans ce secteur à fort potentiel. Une
collaboration accentuée entre l’ONEE et Masen devrait donner davantage de
moyens institutionnels et économiques aux acteurs nationaux. L’objectif,
rappelons-le, est d’atteindre les chiffres annoncés et que les synergies
attendues soient à la hauteur de la vision stratégique lancée. Cela, à moins
d’une année de la COP22, attendue par l’Etat comme celle des concrétisations.