A moins de 9 mois de la fin de son mandat, le gouvernement
reprend langue avec son ancien slogan électoral. Il a adopté, hier, la vision
2025 pour la lutte contre la corruption à l’issue d’une réunion
intergouvernementale à la Primature. Cette stratégie vise en priorité les
secteurs où la corruption prospère. Il s’agit de la santé, la police, la
gendarmerie, la justice, les collectivités territoriales et l’urbanisme. Ses
239 projets seront répartis sur 3 tranches. Selon Mohammed Moubdiî, ministre de
la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration, «une première
sur la période 2015-2016 déjà mise en place, une deuxième sur 2016-2020 et une
dernière 2020-2025».
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Parmi ces projets, 79 sont d’une urgence immédiate, dont 63 sont déjà lancés.
Une trentaine sont programmés dans la loi de Finances 2016. Tandis que le reste
est proposé au financement des comptes spéciaux. A côté des campagnes de
sensibilisation, ces projets visent la simplification et la digitalisation de
certaines procédures, des formations, l’installation de centre d’appels ou des
applications pour les plaintes.
Selon le ministre de la Fonction publique, «cette stratégie a été
concoctée en concert avec la société civile. Elle vise à endiguer la
corruption, augmenter la crédibilité de l’Administration et donner de l’éclat
au Maroc à l’échelle internationale». Une commission intergouvernementale sera
chargée du suivi de la mise en place de la stratégie. Son évaluation sera
établie de manière systématique par trois principaux indicateurs
internationaux. Il s’agit notamment de Doing Business de la Banque mondiale,
l’indice de la compétitivité du Forum économique mondial (WEF), et celui de la
perception de la corruption de Transparency.
Un volet réglementaire est également prévu. Pour Moubdiî, plusieurs réformes de
lois auront lieu durant la période de la stratégie. Mustapha El Khalfi,
ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, confirme en
rappelant que «c’est une dynamique qui est déjà lancée notamment à travers la
réforme du code pénal dont l’essentiel a déjà été appliqué». C’est le cas par
exemple des enregistrements des interventions policières, la publication des
résultats des concours et appels d’offres, le suivi de l’enrichissement illégal
des juges, etc.
Il n’en demeure pas moins que le timing de l’adoption de cette stratégie laisse
planer des doutes sur les motivations réelles des promoteurs de cette stratégie.
Certains observateurs n’excluent pas la période électorale. Abdessalam
Aboudrar, président de l’Instance centrale de prévention de la corruption et
co-fondateur de Transparency Maroc, n’est pas du même avis. «Cela fait 20 ans
que nous militons pour une stratégie. Il a fallu beaucoup de temps pour passer
au crible les mesures qui peuvent être adoptées. Ce n’est pas non plus une
stratégie qui va prendre fin avec un nouveau gouvernement. Il s’agit
d’engagements d’Etat qui dépassent les politiques».
Résultats rapides!
L’Instance nationale de probité et de lutte contre la
corruption (ICPC) devrait jouer un rôle principal dans la coordination et
l’évaluation de la stratégie. Si son exécution est strictement réservée au
gouvernement, l’ICPC aura une mission de suivi et de formation des cadres. «La
première vague de mesures vise à obtenir des solutions rapides pour donner
confiance au reste de la stratégie. Mais c’est une approche qui devrait évoluer
à travers le temps pour aboutir à des résultats de façon permanente», explique
Abdessalam Aboudrar. La loi relative à l’Instance nationale de probité et de
lutte contre la corruption a été adoptée par le Parlement. Son installation
devrait en principe intervenir bientôt.