La corruption coûte chaque année près de 120 milliards
d'euros à l'économie de l'Union européenne, selon un
rapport publié lundi par la Commission européenne, qui fait la liste
des secteurs où la situation pourrait être améliorée.
"La corruption sape
la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques et l'état de
droit, elle nuit à l'économie européenne et prive les pouvoirs publics des
recettes fiscales dont ils ont cruellement besoin", a souligné dans un
communiqué la commissaire européenne chargée des Affaires intérieures, Cecilia
Malmström.
"Les Etats membres ont beaucoup fait au cours des
dernières années pour lutter contre la corruption, mais le rapport publié
aujourd'hui montre que ces efforts sont loin d'être suffisants", selon
elle. Ce rapport, le premier du genre, n'établit pas de classement entre pays
européens en matière de corruption, mais relève les principales lacunes
observées dans la lutte anti-corruption au niveau européen.
En particulier, les contrôles internes portant sur les
procédures au sein des administrations publiques sont insuffisants, et les
règles relatives aux conflits d'intérêts varient d'un Etat à l'autre, de même
que l'efficacité de la répression et des poursuites. Le rapport déplore aussi
que la plupart des Etats de l'UE ne disposent pas de statistiques globales sur
les délits de corruption, ce qui rend la comparaison et l'évaluation plus
difficiles.
Il souligne enfin que l'intégrité de la vie politique reste
un problème dans de nombreux Etats membres: il n'est par exemple pas courant
que des partis politiques ou des assemblées élues se dotent de code de conduite
en matière de corruption, et ceux qui existent manquent souvent d'effets réels.
Des lacunes importantes subsistent notamment en matière de financement des
partis politiques. Enfin, le secteur des marchés publics est particulièrement
exposé à la corruption, note le rapport.
Le chapitre sur la France insiste en particulier sur ce
dernier point, ainsi que sur les risques de corruption dans les transactions
commerciales internationales. La Commission publie parallèlement un sondage
Eurobaromètre qui montre que 76% des Européens pensent que la corruption est un
phénomène très répandu. Ils sont 8% à affirmer avoir fait l'objet ou été témoin
d'un acte de corruption au cours de l'année qui précède. En France, 68% des
personnes interrogées estiment que la corruption est très répandue et 2% disent
y avoir été confrontées au cours de l'année écoulée.