Face à l’évolution des procédures de passation des
marchés publics et à l’augmentation de la demande de financement, la Banque
africaine de développement (BAD) se trouve aujourd’hui contrainte de revoir sa
politique d’acquisition de biens, travaux et services.
Pour le faire, le
premier bailleur de fonds du Maroc a opté pour une approche participative en
consultant toutes les parties prenantes. Un atelier de consultation a été
organisé en ce sens hier à Rabat. D’emblée, la nouvelle représentante de la BAD
au Maroc, Yacine Fal, a tenu à clarifier les objectifs de cette réforme. «Cette
refonte constitue une réponse à plusieurs facteurs émergents dont l’évolution
des besoins. Or, la politique actuelle semble moins adaptée pour répondre à la
variété des demandes et aux défis de développement», a-t-elle déploré. Le but
est également de s’adapter à la prolifération des accords commerciaux qui ont
eu, selon elle, un impact sur les marchés publics de nombreux clients de la
BAD. «Ces emprunteurs sont désormais liés par ces accords, en plus des règles
de la banque en matière d’acquisition. Ce qui constitue un défi pour les pays
membres qui doivent gérer des exigences potentiellement conflictuelles»,
a-t-elle dit.Le but recherché à travers cette réforme est également de renforcer les mécanismes de suivi afin de parvenir à une gestion axée sur les résultats et la responsabilité mutuelle. Cette mesure devrait d’ailleurs mettre fin au retard dans l’exécution des projets financés par la BAD au Maroc. En effet, le non-respect des délais par nos établissements publics a été sévèrement mis en avant lors de la dernière revue de la performance du portefeuille des opérations de cette institution au Royaume. Mais la banque reconnaît une part de responsabilité. Son coordinateur régional des acquisitions, William Dakpo, a déploré l’impact limité des politiques de passation des marchés de la banque. Selon lui, les procédures actuelles ont contribué au retard dans l’exécution de certains projets. «D’autant plus que la complexité du processus a limité son impact positif dans les pays membres qui manquent de capacité et de système adéquats au niveau institutionnel et sur le plan de la gouvernance», dit-il.
Consciente de ces lacunes, la BAD envisage aujourd’hui d’introduire plus de flexibilité dans ses procédures d’acquisition sans pour autant sacrifier ses normes fiduciaires. D’ailleurs, la nouvelle politique devra contenir des mécanismes de contrôle pour s’assurer que les fonds soient utilisés aux fins pour lesquelles ils ont été octroyés. Certains participants à cet atelier de consultation ont proposé la création d’une entité de supervision et de contrôle tandis que d’autres se sont contentés de recommander à la banque de renforcer ses opérations d’audit.
A noter que la BAD prévoit d’achever l’élaboration de sa nouvelle politique en mai prochain pour une entrée en vigueur le mois suivant.
Fin de l’approche
standard
LA BAD veut s’adapter aux
besoins de chaque pays membre. «La politique actuelle est trop prescriptive et
ne permet pas à la BAD de s’adapter aux pays à faibles capacités ou qui
viennent de sortir des conflits», a souligné William Dakpo. L’institution compte
remédier à cette faille en mettant fin à cette approche «standard». En effet,
la future politique prendra en considération les spécificités de chaque pays.