15/10/2013

Marchés publics : Un enjeu de 180 milliards de dirhams

Pourquoi une réforme des marchés publics ? «C’est un processus continu pour se mettre au diapason des standards internationaux», répond le trésorier général du Royaume, Noureddine Bensouda, qui était, jeudi dernier, l’invité de la Chambre française du commerce et d’industrie au Maroc.

Et l’enjeu est de taille : les marchés publics mobilisent annuellement 180 milliards de dirhams. Ce montant inclut les commandes de l’Etat, des entreprises publiques et des collectivités territoriales. «Dans l’esprit de la nouvelle réforme (portée par le décret du 20 mars 2013 et dont l’entrée en vigueur est prévue pour le 1er janvier 2014), il ne s’agit nullement de moins dépenser, mais de mieux dépenser pour assurer un service public de qualité», assure Bensouda. L’Etat, en tant qu’agent économique, ouvre via la commande publique des opportunités de création de richesses et doit, de ce fait, veiller à l’égalité des chances entre les entreprises. C’est dans ce cadre qu’il faut replacer l’essentiel des innovations apportées par le nouveau cadre juridique. Le Maroc a certes réformé sa législation en 1998 et en 2007. Deux réformes qui ont renforcé les principes de concurrence, de transparence et d’efficience, mais des insuffisances sont apparues dès 2009. Tout d’abord, la PME qui constitue l’essentiel du tissu économique est pénalisée face à l’ouverture du marché marocain sur l’international. Les opérateurs économiques décriaient ensuite la pléthore des textes, réclamaient la simplification des dossiers administratifs des concurrents et dénonçaient l’opacité qui entoure les critères d’appréciation et de notation des offres. Même l’intégralité des membres des commissions des appels d’offres était mise à l’index. Certains corps de métier n’ont pas en effet hésité à dénoncer le conflit d’intérêts que ces membres pourraient avoir dans les entreprises soumissionnaires. D’autres milieux professionnels critiquaient l’annulation de certains appels d’offres sans en préciser les motifs et sont allés jusqu’à reprocher à certains départements ministériels d’être en même temps régulateur, client et opérateur.
Pour remédier à cette situation, le décret de mars 2013 a été le premier texte à être soumis à la consultation publique. Après un colloque national sur les marchés publics, organisé en avril 2009, le processus de concertation a été consolidé par la publication du projet de décret sur le site du Secrétariat général du gouvernement. Et durant trois années, la concertation a été engagée dans le cadre d’une série d’ateliers tenus avec les fédérations professionnelles, l’Ordre national des architectes, le ministère
de l’Intérieur et les établissements publics. Ce qui a permis d’enrichir le projet par des propositions qui se rapportent à l’accès à l’information et à la publication des documents d’appel à la concurrence. «Car l’encadrement juridique à lui seul n’est pas suffisant», reconnaît Bensouda. C’est pourquoi la TGR a veillé à intégrer les changements induits par cette réforme au niveau du système de gestion des dépenses de l’Etat. Elle a également amené les collectivités locales à adopter un système de comptabilité générale en convergence avec les normes comptables de l’Etat.
De plus, la consécration de la bonne gouvernance des affaires publiques en déclinaison des principes de la Constitution induit une refonte en profondeur des règles de passation, de contrôle et de gestion de la commande publique. Le tout, selon une logique de clarification et de simplification des procédures.