Cette fois-ci, ça va au-delà du débat partisan, d’élus
communaux, fussent-ils de la plus grande mégalopole du Royaume. Et puis leurs
supercheries, consistant à transformer Casablanca en une cité de rêve, le temps
d’une visite royale, est découverte.
Les mêmes palmiers que l’on plante et replante selon le programme de passage du
cortège royal, des murs rafraîchis et cache-misère, des parkings ordonnés, une
circulation fluide, des marchands ambulants raflés, des poubelles vidées, des
terrasses de café décampées, des agents de circulation à tous les croisements,
la sécurité jusque sous nos immeubles… tout ça, c’est du trompe-l’oeil qui doit
cesser.
Dans son discours d’ouverture de la saison parlementaire 2014, le Souverain a
exprimé sa déception sur le déficit dans la gouvernance de la capitale
économique du Maroc. «Casablanca est la ville des disparités sociales les plus
criantes où se côtoient les catégories riches et les classes pauvres. C’est la
ville des gratte-ciel et des bidonvilles. C’est le centre des finances et des
affaires mais aussi de la misère, du chômage et d’autres maux, sans parler des
déchets et des ordures qui en ternissent la blancheur et entachent la
réputation (…).
Pourquoi cette ville, qui compte parmi les plus riches du Maroc, ne connaît pas
concrètement l’essor auquel aspirent les Casablancaises et les Casablancais, à
l’instar de beaucoup d’autres villes? Est-il raisonnable qu’elle reste à ce
point un espace des grandes contradictions, jusqu’à devenir l’un des modèles
les plus faibles en matière de gestion territoriale»? Il est clair qu’on peut
tromper tout le monde une fois, mais pas tout le monde tout le temps.
La meilleure illustration de cette mauvaise gestion en est le déficit que
connaît le domaine de l’assainissement dans cette ville, confié en gestion
déléguée à Lydec depuis 1997. «Le taux d’épuration des eaux usées, qui demeure
très faible, se situant à 45% à peine, contre 100% atteint à Fès et à
Marrakech…» et Rabat. Faut-il s’inquiéter de l’impact sur l’environnement?
Pourquoi ce faible niveau en matière d’assainissement ? A qui la faute? Quelle
est la part de responsabilité du gestionnaire délégué?
Pour Nicolas Barbe, directeur technique de Lydec, il convient de distinguer
deux indicateurs d’assainissement. Un: «Le taux de raccordement qui correspond
au nombre de ménages raccordés aux réseaux collectifs d’assainissement. Il
dépasse les 83% à Casablanca». Deux: «Le taux de dépollution qui correspond au
taux de traitement des eaux usées avant rejet dans le milieu naturel». Cependant,
explique Barbe, «avec le grand projet du système antipollution des dispositions
ont été prises afin d’apporter une solution à la hauteur des enjeux d’ici fin
2014». Un projet paramétré suivant une approche scindant Casablanca en deux
grands bassins versants: 45% pour le bassin versant Ouest et 55% pour le bassin
versant Est. Le premier couvre la zone située entre le port et Dar Bouazza où
«aucun rejet d’eaux usées ne se fait directement en mer». En clair, les eaux
usées sont prétraitées par la station El Hank avant d’être rejetées à 3,6 km
des côtes via un émissaire marin.
Le bassin versant Est va du port de Casablanca à Mohammedia où «les eaux usées
sont actuellement rejetées directement en mer via dix exutoires». Là aussi,
«les travaux d’interception et de prétraitement de ces rejets sont en cours de
réalisation dans le cadre du projet du système antipollution Est, qui a pour
objectif de rejeter ces débits après prétraitement via un émissaire marin de
2,3 km à Sidi Bernoussi», relativise Barbe. «Fin 2014, le taux de dépollution
de Casablanca sera de 100%», défie le directeur technique de Lydec qui rappelle
que la réalisation de ce projet était prévue initialement pour 2017, selon
l’avenant du contrat de 2009 mais «elle a été avancée à la demande des autorités».