31/10/2013

La douane déclare enfin la guerre à la contrefaçon

 
Enfin une mesure musclée pour lutter contre la contrefaçon. Le projet de loi de Finances accorde désormais à l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) de larges pouvoirs pour sévir contre la contrefaçon. L’importation d’articles contrefaits sera désormais considérée comme une contravention douanière de première classe.
Ainsi, tout opérateur qui importe des produits de contrefaçon se verra réclamer par les services de la douane le triple des droits et taxes compromis en plus d’un dédommagement au profit du propriétaire de la marque. Dans le schéma actuel, au moment de l’importation, les services de la douane, qui sont connectés à l’Office marocain de protection de la propriété industrielle (OMPIC), vérifient si la marque commerciale est protégée au Maroc. S’il s’agit d’un cas de contrefaçon avéré, la douane alerte le propriétaire de la marque commerciale ou son représentant légal. La marchandise est automatiquement confisquée pour être détruite. Le propriétaire de la marque entame ensuite des poursuites judiciaires pour réclamer des dommages-intérêts. Mais la douane n’exige ni droits ni taxes. Avec le nouveau dispositif qui entre en vigueur le 1er janvier 2014, elle prononcera systématiquement une grosse amende. La facture risque donc d’être salée pour les contrevenants puisque les droits seront calculés sur la base du produit authentique. En outre, l’importateur se verra confisquer le moyen de transport qui a servi à l’importation de la marchandise contrefaite. Reste maintenant à savoir si le mécanisme de répression sera suffisamment dissuasif. Car de nombreuses difficultés empêchent la lutte contre la contrefaçon. Les grandes marques sont bien enregistrées auprès de l’Ompic et peuvent bénéficier de la protection des services concernés. Mais les labels qui ne figurent pas sur les registres de l’Ompic sont difficiles à protéger.

Aucun secteur n’est épargné par la contrefaçon. Les produits contrefaits ont tellement envahi les commerces qu’il est parfois difficile de différencier le faux du vrai. Téléphones portables, produits d’hygiène, de cosmétique, pièces détachées, montres de luxe, lunettes de soleil…  Selon les estimations, la contrefaçon provient à 80% des pays d’Asie, essentiellement de Chine. «De nombreux showrooms à Shanghai proposent toutes sortes d’articles contrefaits. Cela va des produits cosmétiques aux pièces détachées, en passant par les médicaments. Les exportateurs chinois sont capables de fabriquer tous les articles imaginables», explique un commerçant de Derb Omar qui importe régulièrement des bijoux de fantaisie. Aujourd’hui, les commerçants peuvent se faire livrer des containers entiers de marchandises contrefaites sans être inquiétés. Les services de la douane sont dépassés. Impossible de contrôler des milliers de points de vente à travers le Royaume.