Les adjudications de marchés publics ont ralenti au premier
semestre. C’est du moins ce que rapportent plusieurs opérateurs réputés être de
gros prestataires du secteur public. A leur tête, les professionnels du BTP qui
affirment ouvertement que leur activité a été négativement impactée par la
conjoncture difficile. «Dans le contexte actuel, bien que nous manquons de
chiffres exacts par rapport au volume des marchés adjugés depuis le début de
l’année, la tendance sera sûrement à la baisse», pronostique Bouchaïb
Benhamida, président de la Fédération du BTP. Des fournisseurs d’équipements
font état, quant à eux, de réduction des budgets qui leur sont revenus
habituellement durant les dernières années. «Pour les premiers mois de l’année,
nous avons décroché trois fois moins de marchés de l’Etat que sur la même
période de 2012. Plusieurs marchés ont été simplement annulés, d’autres projets
accusent des retards importants et nous sommes parfois écartés pour motif
d’offre financière jugée élevée par le maître d’ouvrage», commente un
fournisseur de gros matériel de climatisation. Tout en nuançant leurs propos,
d’autres sources confirment les problèmes actuels. Elles indiquent qu’au vu de
l’enveloppe consacrée à l’investissement au titre de 2013, qui d’ailleurs n’a pas
trop évolué sur les trois dernières années, «les marchés sont là, sauf qu’il y
a des coupes dans des budgets spécifiques et des reports», sans compter que les
maîtres d’ouvrage sont de plus en plus regardants sur l’offre financière avant
même d’apprécier la partie technique.
Les retards de paiement viennent aggraver les difficultés des
entreprises déjà en mauvaise passe en raison de la baisse de leur courant
d’affaires, et les empêche de s’engager dans de nouveaux marchés, explique en
substance M. Benhamida. Les sommes en jeu sont en effet importantes. La
commande publique pèse en effet autour de 180 milliards de DH. Cette manne qui
n’est autre que le budget d’investissement global de l’Etat est destinée à 75%
aux prestataires du BTP. Le reste est affecté à des marchés de métiers annexes
et à des fournisseurs d’équipements.
Les PME s’en sortent mieux que les grandes
entreprises
Ce tassement d’activité est confirmé et par le Haut
commissariat au plan (HCP), qui relève une baisse d’activité dans les BTP au
deuxième trimestre, et par les chiffres du crédit bancaire.
En effet, à fin juin, les concours au secteur du BTP ont
enregistré un léger recul de 0,3% par rapport à fin 2012 pour s’établir à 93,4
milliards de DH. Rapportés à la même période de 2012, ces mêmes concours ont
dévissé de 3,5%. Selon des sources officieuses au GPBM, sur cette enveloppe de
financement, environ 74 milliards de DH correspondent à des financements de
marchés publics. Le montant global du financement de la commande publique tourne
autour de 80 milliards de DH.
La PME semble mieux s’en sortir que les grands opérateurs qui
peinent à retrouver le rythme des dernières années. A en juger par les concours
accordés par Finéa (ex-CMM), seul organisme spécialisé dans le financement des
PME adjudicataires de marchés publics, les financements de marchés publics
accordés au premier semestre ont atteint 4,5 milliards de DH, en hausse de 13%
par rapport à la même période de 2012. Les marchés nantis ont, pour leur part,
avoisiné 3,5 milliards de DH contre 2,7 milliards un an auparavant, soit 30% de
hausse. «Malgré la conjoncture défavorable, les coupes opérées dans plusieurs
budgets et le report du démarrage de plusieurs projets, il y a une offre de
petits marchés qui sied au profil de notre structure», explique un patron de
PME. Selon lui, pour des marchés spécifiques de petite taille, une PME est
généralement plus efficace, pourvu qu’elle maîtrise son offre technique et
modère son offre financière.
Même les difficultés d’accès aux avances sur marchés et aux
cautions administratives que rencontre la majorité des PME au niveau des
banques, sont aujourd’hui aplanies avec les produits offerts par Finéa qui ne
finance cependant qu’à peine 5% de la commande publique globale. Mais bien
qu’ils restent dérisoires par rapport au volume global de la commande publique,
ses engagements renseignent clairement sur la tendance haussière en termes de
marchés adjugés en faveur de la PME.
Plus d’équité dans l'accès à la commande publique
Adopté en décembre 2012, le projet de décret 2-12-349 relatif aux
marchés publics a pour objectif le renforcement de la transparence et de
l’efficacité dans la passation, le contrôle et la gestion de la commande
publique dans le but de garantir l’égalité d’accès des concurrents à la
commande publique. Parmi les apports de ce nouveau texte, on cite l’adoption
d’un arsenal juridique unifié pour les marchés de l’Etat, des établissements et
entreprises publics et des collectivités territoriales, la simplification et la
clarification des procédures des marchés publics à travers l’allégement du
dossier administratif des concurrents, la suppression du mécanisme de tirage au
sort pour la désignation des représentants du maître d’ouvrage dans la
commission d’appel d’offres et la détermination de la composition des
commissions en charge du jugement des offres.