11/04/2013

Les marchés publics sous-surveillance


La commission des marchés deviendra la Commission Nationale de la Commande Publique pour avoir plus de pouvoir. Ses avis deviendront contraignants et le cas échéant cette instance pourra saisir le Chef du gouvernement pour que les administrations incriminées appliquent ses décisions.
Un projet de décret vient d’être soumis à l’appréciation du public et introduit des changements dans les statuts, les attributions, la composition ainsi que de la structure du secrétariat permanent de cette commission.

L’objectif est d’accorder à cette instance de l’indépendance par rapport au maitre d’ouvrage. Et ce, même si les ministres vont garder un pouvoir de «veto», ce qui pourrait restreindre cette nouvelle liberté.
Placée auprès du Secrétariat général du gouvernement, cette commission sera compétente pour effectuer des missions de consultation, d’études, d’examen des requêtes des soumissionnaires aux marchés publics. Tous les contrats conclus entre l’Etat, les collectivités locales, les établissements publics et les entreprises sont concernés. Même ceux relevant de la gestion déléguée d’un service public ou d’un partenariat public-privé sont dans son champ de couverture. 
Elle sera chargée de donner un avis sur les consultations relatives à des questions liées à la préparation, la passation et au règlement des marchés et aussi à la gestion déléguée ou de partenariat public-privé. Sa saisine par les concurrents et par les titulaires de marché pourrait s’effectuer directement tant au stade de la passation des marchés qu’au niveau de leur exécution.

Actuellement, les entreprises ne peuvent saisir la commission des marchés qu’après avoir intenté un recours hiérarchique auprès du maitre d’ouvrage et du ministre concerné. 

La Commission nationale de la commande publique peut-être consultée par tout concurrent qui constate une irrégularité dans la procédure de passation d’un marché public ou qui relève le manquement aux obligations de publicité et de mise en concurrence. Idem pour toute personne empêchée de participer à un marché public.
Dans ce cas de figure, il peut être demandé au maitre d’ouvrage de surseoir à l’attribution des marchés le temps qu’une décision soit rendue par la commission. Celle-ci dispose d’un délai de 30 jours prorogeable en cas de complexité de l’affaire. Seul le ministre concerné dispose d’un droit de «veto» et peut donc stopper le sursis si des considérations urgentes d’intérêt général le justifient.
Les recommandations de la Commission nationale de la commande publique sont précisées dans le projet de décret et tourneront autour de trois points: l’annulation lorsqu’il s’agit d’un vice de procédure, la rectification de l’irrégularité ou l’irrecevabilité de la requête pour manque de fondement juridique. En cas de difficulté d’exécution d’une commande publique, la commission peut être également saisi par le maitre d’ouvrage soit sur sa propre demande ou à l’initiative de l’adjudicataire du marché. Dans ce cas de figure son avis reste consultatif et ne peut être utilisé par les parties devant les juridictions.
La Commission nationale peut également être consultée sur l’interprétation des textes législatifs et les cahiers de charges les concernant et qui régissent la commande publique. Elle donne aussi un avis sur les textes liés à la commande publique et ce, soit de sa propre initiative ou sur proposition d’autres départements.
Dans ses prérogatives, elle ne se limitera pas aux consultations et interprétations des textes mais aura à sa charge l’amélioration de la gestion de la commande publique via des instructions qui devraient être paraphées par le Chef du gouvernement.  Elle entreprend toute étude d’ordre administratif, financier ou technique en vue d’améliorer les conditions de passation et d’exécution des commandes publiques et de la gestion déléguée.


Qui siégera à la Commission
La direction générale des collectivités locales, le ministère de la Santé, la direction des établissements publics et de la privatisation, …Au total la Commission nationale de la commande publique sera composée de neuf représentants de l’Administration et de trois représentants des organismes professionnels.

En cas de requête émanant de concurrents ou d’examens de difficultés d’exécution des représentants des organismes professionnels des secteurs concernés peuvent être associés. Cette commission peut également recourir à des compétences externes pour l’élaboration de rapports. La commission se réunit au moins une fois par mois. Un secrétariat permanent sera également mis en place.


Qui peut saisir la Commission
En plus de sa consultation directe par le Chef du gouvernement et le Secrétaire général du gouvernement et des entreprises, la Commission nationale de la commande publique peut être saisie également par les ordonnateurs et les ministres de tutelles de l’établissement public concerné.

C’est le cas aussi pour le trésorier général du Royaume, l’autorité de tutelle de la collectivité territoriale, les présidents des conseils des collectivités territoriales ainsi que les directeurs des établissements publics.