Ce sont les entreprises
internationales qui profitent le plus des marchés IT de l’Etat ,
suivies des filiales de multinationales installées au Maroc. Les
structures marocaines, quant à elles, ne captent qu’une petite partie
qui se limite souvent à des missions à faible valeur ajoutée
sous-traitées par les grands adjudicataires.
Alors est ce que l’activation de la préférence
nationale pourra-t-elle changer la donne ? La réponse est Non! Et
pour cause, «la modification partielle de la loi relative à la
préférence nationale est une bonne chose. Toutefois, son application
sur le terrain est une autre paire de manche», explique Mohamed Lakhlifi
, Président de la Fédération des Technologies de l’information,
des Télécommunications et de l’Offshoring (APEBI).
Selon lui, actuellement, il reste difficile de
vérifier que 30% du budget d’un organisme public ont été alloués aux
acteurs nationaux, ainsi quelle partie de ces 30% est réservée aux
IT. «Il faut donc être réaliste et utiliser la loi comme un cadre de
travail, sur le terrain il s’agit de gérer une relation en générale difficile
entre un client public et son fournisseur», ajoute-t-il. En clair, les
dispositifs juridiques mis en place ne sont pas suffisants. «Il faut
aller plus loin en mettant en place par exemple un CCAG spécifique au secteur,
instaurer une quote-part des marchés publics au profit des PME/TPE
nationales ou le découpage des marchés en lot ou prestations de taille et
de complexité accessibles aux PME/ TPE marocaines ou exiger des
entreprises étrangères de constituer des regroupements avec des sociétés
locales», précise-t-on au niveau de l’APEBI. Mais si l’Association parle
déjà de l’amélioration du cadre juridique, les opérateurs plaident
uniquement pour la suppression des mesures discriminatoires qu’intègrent les
établissements publics dans les cahiers des charges pour écarter les opérateurs
marocains. C’est en tout cas ce que nous a confié Chakib Rifi patron de
Data plus. «Actuellement, nous ne sommes pas encore au stade de demander
l’application de la préférence nationale. Nous demandons tout simplement à ce
qu’on ne soit pas exclu par défaut des appels d’offres», explique-t-il.
Selon lui, les notations techniques représentent une sorte de verrouillage pour
les appels d’offres. «Quand un organisme public précise que
les entreprises soumissionnaires à un appel d’offres d’achat de
matériel informatique doivent être celles qui détiennent les
marques faisant partie des top 4 à l’internationale, cela
ne représente pas une discrimination claire des entreprises
marocaines ?»