Le plan d’urgence de l’Education 2009-2012 continue de faire couler beaucoup
d’encre. Un programme qui a englouti près de 30 milliards de DH avec les
résultats que tout le monde connaît. Une manne dans laquelle plusieurs se
seraient servis. Mohamed Louafa, ministre de l’Education nationale, vient
d’ailleurs de publier la liste des entreprises black-listées, qui ont décroché
des marchés publics auprès de son département du temps d’Ahmed Akchichine et qui
n’ont pas honoré leurs engagements.
L’audit des appels d’offres, réalisé de
concert avec les Académies régionales et les délégations du ministère de
l’Education, a permis de relever de «nombreux dysfonctionnements». Il s’agit du
non-respect des termes des contrats par les adjudicataires de marchés portant
sur la construction d’écoles dans différentes régions du Royaume. Louafa vient
de «balancer» 44 entreprises défaillantes.
Sur cette liste, 31 unités seront
provisoirement écartées des marchés publics du ministère de l’Education. 13
autres ont été exclues de manière définitive. Au total, les appels d’offres
incriminés portent sur une enveloppe budgétaire globale de 400 millions de DH.
Soit 124 marchés publics. Le taux de réalisation des projets en question varie
entre 0 et 100%. Parmi les reproches formulés aux entreprises concernées, la
«fraude dans les matériaux de construction, le non-respect des délais de
réalisation, des arrêts de chantiers injustifiés, le désistement après avoir
démarré les travaux…». Une dizaine d’entreprises n’ont jamais lancé leur
chantier. «En général, il s’agit de sociétés ayant sous-estimé les projets et
qui ont fait une offre en deçà du montant réel du marché», explique-t-on auprès
de la tutelle.
Louafa justifie la mise en ligne de sa liste par «les
répercussions des dysfonctionnements constatés sur le cours normal du processus
éducatif ou sur la garantie des conditions de scolarité dans les établissements
scolaires». C’est la raison pour laquelle il n’hésite pas à citer nommément les
entrepreneurs responsables des dysfonctionnements et à détailler les motifs
reprochés.
C’est le cas d’une entreprise ayant décroché le marché d’extension
d’un lycée à Mohammedia. L’entrepreneur s’est vu reprocher «la triche dans la
construction» et des «infractions répétitives aux conditions de travail». Le
bâtiment construit par la société «a été démoli car il représentait un danger
pour les élèves, les enseignants et les cadres administratifs». Depuis,
l’entreprise a été définitivement écartée des marchés et fait l’objet d’une
poursuite judiciaire par le ministère.
Les adjudicataires de certains marchés
ont soit reçu un avertissement du ministère de l’Education ou ont vu leurs
marchés résiliés. D’autres marchés, par contre, font actuellement l’objet d’une
instruction judiciaire.
Cour des comptes
Le ministère de l’Education est le seul département à
disposer de deux inspections, l’une technique et l’autre administrative. Ce sont
ces structures qui ont audité les marchés publics relatifs à la construction
d’écoles pour le compte de la tutelle. La Cour des comptes, qui lancera bientôt
des audits thématiques, procédera elle aussi à l’évaluation du plan d’urgence de
l’éducation et de la gestion déléguée des services publics.