30/12/2012

Jurisprudence marchés publics : l’année 2012 en 30 décisions

« Le Moniteur » a sélectionné pour vous un ensemble de décisions qui ont marqué les derniers mois : 30 jurisprudences en matière de marchés publics tant au stade de la passation qu’à celui de l’exécution. A ne pas manquer !

Information des candidats, critères d’attribution et méthode de notation, intérêt à agir, exécution technique du chantier… sont autant de points surveillés par le juge. C’est pourquoi l’acheteur public, tout comme les constructeurs, doivent rester vigilants à chaque stade de la procédure. Florilège des jurisprudences  de l’année 2012.
Sélection des candidatures
- Marchés publics : des tiers indépendants pour attester des qualifications professionnelles
Un pouvoir adjudicateur a le droit d’exiger que les références produites par un candidat à un marché public à la place des certificats de qualification professionnelles soient accompagnées d’une attestation délivrée par un organisme tiers indépendant. Une simple attestation de la capacité à exécuter certains travaux délivrée par des clients ne suffit pas. C’est ce qui ressort d’un arrêt du Conseil d’Etat du 11 avril 2012. ( Voir notre article )

- Candidature d'une personne publique à un marché public : oui, mais...
Rien n'empêche une personne publique de se porter candidate à l'attribution d'un marché public, à condition qu'elle propose un prix loyal. La cour administrative d'appel de Bordeaux vient de le rappeler dans un arrêt du 1er mars 2012. ( Voir notre article )


- Accès aux marchés publics : le contrôle des capacités des jeunes sociétés
Par une décision du 9 mai 2012, le Conseil d’Etat a apporté deux séries de précisions quant à la nature du contrôle que doit opérer l’acheteur public s’agissant des capacités de sociétés candidates, nouvellement constituées, à l’obtention de marchés publics.( Voir notre article )


- Informations de candidature erronées = marché public annulé !
La procédure de passation d'un marché peut être annulée, à la demande d'un concurrent évincé, lorsque l'attributaire a donné de fausses informations dans son dossier de candidature. C'est la solution qu'a adoptée le Conseil d'Etat dans un arrêt du 3 octobre 2012.( Voir notre article )

Sélection des offres

Information des candidats

- Marchés publics : le Conseil d'Etat rappelle l’obligation de fournir des informations justes aux candidats

Le Conseil d’Etat a entériné, le 12 mars 2012, l’annulation d’une procédure de passation d’un marché public parce que les informations fournies aux candidats sur les consommations énergétiques des bâtiments étaient majorées de 10%. ( Voir notre article )


- Critères d’attribution : les candidats doivent être bien informés
Un acheteur public doit donner aux soumissionnaires des indications suffisantes sur ses attentes relatives aux critères d’attribution choisis. Faute de quoi, il commet un manquement à ses obligations de mise en concurrence. C’est ce que souligne une décision récente de la cour administrative d’appel de Douai du 19 avril 2012. ( Voir notre article )


- Marchés publics formalisés : la mention précise du délai de « standstill » s’impose
Dans une décision du 29 juin 2012, le Conseil d’Etat précise qu’un pouvoir adjudicateur doit indiquer aux candidats évincés à un marché public le délai de suspension qu’il s’impose entre la date de notification du rejet des offres et la conclusion du marché. ( Voir notre article )

Sélection des offres et méthode de notation


- Marchés publics : pas de rejet d’une offre du seul fait de liens familiaux

Selon une décision du Conseil d’Etat du 9 mai 2012, une commune ne peut écarter par principe l’offre d’une entreprise dont le dirigeant aurait des liens de parenté avec l’un des membres du conseil municipal. Ce serait méconnaître les règles de libre accès à la commande publique et de mise en concurrence. ( Voir notre article )



- Sélection des offres : le tribunal administratif de Toulon valide la méthode du "chantier masqué"
Si elle a été annoncée dans les documents de la consultation, la méthode du "chantier masqué" pour la sélection des offres est admise et ne rend pas irrégulière la procédure de passation d'un marché public. C’est ce qui ressort d’une ordonnance du tribunal administratif de Toulon du 10 janvier 2012. ( Voir notre article )




- Marchés publics : un arrêt réaffirme le principe du mieux-disant
Faire émerger l’offre économiquement la plus avantageuse n’est pas aisé : dans un arrêt du 4 juin 2012, la cour administrative d’appel de Marseille réaffirme l’obligation de respecter les critères de sélection menant au choix de l’offre la mieux-disante. ( Voir notre article )




- Publier la pondération des sous-critères en marchés publics n’est pas systématique
Faut-il indiquer la pondération des sous-critères dans le règlement de consultation d’un marché public ? Oui, a rappelé la cour administrative d’appel de Nantes dans un arrêt du 20 juillet 2012 mais dans certaines conditions… qui n’étaient pas réunies en l’espèce. ( Voir notre article )


Allotissement

Le Conseil d’Etat entend faire respecter le principe d’allotissement

Un arrêt du 3 décembre 2012 rappelle avec force que la conclusion d’un marché global doit être dûment justifiée. Le Conseil d’Etat annule la procédure de passation d’un marché public car celui-ci  ne comportait pas de lots séparés, et que ce manquement était de nature à léser le requérant. ( Voir notre article )


Variantes et offre de base

- Marchés publics : interdiction des variantes… et autres variations de l’offre

Le Conseil d’Etat a validé dans une décision du 12 mars 2012 le rejet d’une offre remise en réponse à un appel d’offres interdisant la présentation de variantes. Le tort du candidat : avoir proposé dans son offre différents modèles de mobiliers urbains, qui ne constituaient pas juridiquement des variantes… mais n’en compliquaient pas moins l’examen des offres. ( Voir notre article )



- Solution de base et variante : les sous-critères d’analyse peuvent différer
Dans une décision du 4 juillet 2012, le Conseil d’Etat établit que les sous-critères d’analyse des variantes en marchés publics peuvent être différents de ceux de la solution de base. A la condition que ces critères spécifiques soient portés à la connaissance des candidats avant le dépôt de leur offre… ( Voir notre article )

Les demandes de précisions et de compléments

 - Marchés publics : la demande de précision sur l’offre n’autorise pas à modifier le prix

Le Conseil d’Etat a, dans une décision du 16 janvier 2012, ajouté une pierre à l’édifice jurisprudentiel en matière de correction d’une erreur purement matérielle : si la rectification est autorisée, le candidat ne peut pas pour autant en profiter pour modifier le montant de son offre. ( Voir notre article )



- L’acheteur public n’est jamais tenu d’inviter les candidats à compléter leurs offres
Dans une décision du 26 septembre 2012, le Conseil d’Etat souligne que l’article 59 du Code des marchés publics permet aux pouvoirs adjudicateurs de demander aux candidats de compléter leurs offres… mais ne les y oblige pas. ( Voir notre article )

Dématérialisation


- Dématérialisation : l’acheteur public n’a pas à s’assurer que le candidat lit ses courriels

Il n’appartient pas à la personne publique de vérifier que les messages électroniques qu’elle envoie sont bien reçus. C’est ce qui ressort d’un arrêt du Conseil d’Etat rendu le 3 octobre 2012. ( Voir notre article )



Contentieux/recours

Recours « Tropic »



- Pas nécessaire d’être lésé pour attaquer un marché public par un recours "Tropic"
Le concurrent évincé doit-il être lésé pour pouvoir exercer un recours de pleine juridiction contre un marché conclu ? Dans un avis du 11 avril 2012, le Conseil d’Etat répond à cette épineuse question. Il précise ainsi la portée de deux décisions célèbres en matière de voies de recours dans les marchés publics, « Tropic » et « Smirgeomes ». ( Voir notre article )


Référés précontractuels et contractuels

Intérêt à agir


- Marchés publics : le candidat évincé n'est lésé que si son offre pouvait être retenue !

L'attribution d'un marché à une entreprise malgré l'irrégularité de sa candidature ne peut être contestée par un concurrent que si son offre elle-même était susceptible d'être retenue. C'est l'un des enseignements de la décision rendue par le Conseil d'Etat le 11 avril 2012. ( Voir notre article )


Compétence du juge des référés


- L’exclusivité liée à un accord-cadre échappe au juge du référé contractuel

Dans un arrêt du 29 juin 2012, le Conseil d’Etat rejette la demande d’une société, titulaire d’un accord-cadre mono-attributaire,  d’annuler, dans le cadre d’un référé contractuel, un contrat attribué à un concurrent. ( Voir notre article )



- Référé précontractuel : l’appréciation doit se faire lot par lot
En marché public, l’annulation de la procédure de passation d’un des lots par le juge des référés n’emporte pas, par principe, annulation de la procédure de tout le marché. Illustration par deux décisions du Conseil d’Etat rendues le 23 juillet 2012. ( Voir notre article )




- Offres anormalement basses : seule l’erreur grossière d’appréciation peut être sanctionnée
Le Conseil d’Etat précise dans une décision du 1er mars 2012 quel niveau de contrôle le juge des référés peut exercer sur la décision de l’acheteur public de retenir une offre anormalement basse. Une certaine marge discrétionnaire est laissée aux pouvoirs adjudicateurs. ( Voir notre article )


Exécution des marchés publics

Exécution financière du marché

- Le comptable public n’est pas juge de la légalité des actes administratifs

Par deux arrêts du 8 février 2012, le Conseil d’Etat, se prononçant sur deux décisions de la Cour des comptes, est venu rappeler le rôle et les prérogatives des comptables publics dans le processus de paiement de dépenses résultant de l’exécution de marchés publics. ( Voir notre article )



- Marchés de travaux : une réclamation exige un mémoire en bonne et due forme
Dans un litige sur le solde d’un marché public, le Conseil d’Etat a débouté le 15 février 2012 une entreprise qui s’était contentée d’envoyer au responsable du marché un simple mémoire de travaux pour tenter de régler son différend. ( Voir notre article )




- Solde d’un marché public : les délais de prescription peuvent être favorables à l’entreprise
Une décision du Conseil d’Etat du 22 février 2012 éclaircit les règles de contestation du solde d’un marché. Une solution applicable à tous les marchés publics y compris ceux de travaux. ( Voir notre article )


- Marchés publics : une subvention doit être remboursée si le bénéficiaire viole les règles de passation

Une décision du Conseil d’Etat du 21 mars 2012 rappelle que l'entité, qui perçoit une subvention au titre des fonds structurels européens, doit être irréprochable lorsqu'elle passe, pour la réalisation de l'opération concernée, des marchés publics d'un montant supérieur aux seuils européens. ( Voir notre article )



- Marchés publics : le juge peut remplacer le taux d’intérêts contractuel par le taux légal
Le Conseil d’Etat précise dans un arrêt du 23 mai 2012 quel taux d’intérêt s’applique à l’indemnité qu’un maître d’ouvrage est condamné à verser au titulaire d’un marché public. Le taux contractuel peut être écarté au profit de l’application du taux d’intérêt légal majoré de cinq points, lorsque ce dernier est plus avantageux pour l’entreprise. ( Voir notre article )

Exécution technique du chantier


- Marchés publics : le délai d’exécution supplémentaire doit résulter de la commune intention des parties

Selon un arrêt du Conseil d’Etat du 16 mai 2012, le juge doit rechercher la commune intention des parties d’allonger ou non le délai d’exécution d’un marché avant de se prononcer sur la légitimité de pénalités de retard. ( Voir notre article )



- Marchés publics : indemnisation intégrale des préjudices dus à un retard de chantier
La réalisation d’un chiffre d’affaires inférieur à celui escompté sur la base du calendrier contractuel ouvre droit à une indemnisation pour l’entrepreneur. A condition, rappelle le Conseil d’Etat dans un arrêt du 13 juin 2012, que le retard ne lui soit pas imputable… ( Voir notre article )




- Marchés publics : l’indemnisation des retards sujette à la révision des prix
Dans un arrêt du 1er août 2012, le Conseil d’Etat rappelle que, dans un chantier, tout retard imputable au maître d’ouvrage ou à ses cocontractants doit être indemnisé. Si le CCAP le prévoit, la révision des prix peut s’appliquer au-delà des délais du marché. ( Voir notre article )




- Même sans ordre de service, les travaux supplémentaires indispensables doivent être payés
En application du CCAG travaux en marchés publics, à défaut d’ordre de service de poursuivre, les travaux exécutés au-delà de la masse initiale ne sont pas payés…  sauf s’ils sont indispensables à la réalisation de l’ouvrage dans les règles de l’art. Piqûre de rappel par le Conseil d’Etat, dans une décision du 4 juillet 2012. ( Voir notre article )


- Marchés publics : réfaction du prix ou réfection des ouvrages, il faut choisir !

Le maître d’ouvrage confronté à des malfaçons minimes peut proposer à l’entreprise une réduction du prix. Il renonce alors, en contrepartie, à émettre des réserves à la réception et donc à demander la reprise des désordres. Mais il reste libre de faire ou non une telle proposition à l’entreprise : c’est ce qu’énonce le Conseil d’Etat dans un arrêt du 15 novembre 2012. ( Voir notre article )