27/11/2012

Nouvelle étude : regain d'intérêt de la PME



-Le phénomène de la corruption dans les marchés publics touche principalement les secteurs du BTP et de l’édition-imprimerie
-Par informel, l’on entend également les cadeaux déguisés, offerts pour décrocher des marchés publics

Quels sont les boulets qui plombent le développement de la PME au Maroc? Tel est l’objet de l’étude commanditée par l’Union européenne, via le Femise (Forum euro-méditerranéen des Instituts de sciences économiques), à Hammad Kassal, professeur universitaire et patron de PME. Les résultats de l’enquête ont été rendus publics, vendredi et samedi 23 et 24 novembre, devant des représentants de la Banque mondiale, du FMI, des experts internationaux et nationaux ainsi que des chercheurs qui s’intéressent aux problématiques de la PME. Selon l’étude, la croissance de la PME nationale est plombée par 5 types de freins. Pour 60% des chefs d’entreprises interrogés, l’accès au financement constitue le premier obstacle. Ce sont essentiellement les entreprises de petite taille. De plus, certains secteurs éprouvent plus de difficultés que d’autres pour obtenir un financement bancaire. Il s’agit essentiellement du textile-habillement, imprimerie & édition et de la plasturgie. «Le principal obstacle qui empêche ces entreprises d’obtenir un crédit bancaire porte sur l’exigence de la caution personnelle, qui met en danger le patrimoine personnel et familial de l’entreprise en cas de défaillance», explique Kassal. En effet, bon nombre de chefs d’entreprises en faillite se voient saisir leurs biens immobiliers hypothéqués auprès des banques pour rembourser leurs dettes.
Outre l’accès au financement, les PME sont également confrontées à la rareté du personnel qualifié. «58% des entreprises sondées souffrent du manque de ressources humaines ayant des habiletés de leadership, de communication. De plus, les PME sont également touchées par le braconnage de personnel qualifié par d’autres employeurs», analyse Kassal. Les secteurs de l’offshoring, des NTI et de l’automobile sont plus touchés que d’autres par le phénomène du «débauchage» des cadres chevronnés. Autre frein au développement des PME, les réglementations administratives, juridiques et fiscales. Ainsi, 56% des entreprises interrogées déclarent être confrontées aux lourdeurs bureaucratiques liées notamment à l’enregistrement des terrains, à la sécurisation des droits de propriété… La législation du travail représente également un frein devant la croissance des PME. Certaines clauses sont d’ailleurs difficiles à mettre en œuvre par les petites structures.

L’informel et la corruption ne sont pas en reste. Depuis le début du printemps arabe, bon nombre d’opérateurs ont constaté un regain des activités de contrebande et de l’informel à la faveur de la permissivité des contrôles. D’ailleurs, selon l’étude commanditée par l’UE, 52% des PME se déclarent «concernées par la concurrence des entreprises informelles». Par informel, l’on entend également les cadeaux déguisés, offerts pour décrocher des marchés publics ainsi que les coûts du travail, associés à l’embauche d’employés non déclarés. «Le phénomène de la corruption dans les marchés publics touche principalement les secteurs du BTP et de l’édition-imprimerie, car ils sont les plus dépendants de ces marchés pour leur activité», déclare Kassal.
Depuis la multiplication des accords de libre-échange, de nombreuses entreprises pointent du doigt l’explosion des importations. Un phénomène qui s’explique aussi par l’amélioration du pouvoir d’achat et les nombreuses stratégies sectorielles lancées par le gouvernement. Mais ces importations génèrent une forte concurrence pour les PME nationales. 44% des ces structures évoquent comme freins à leur développement la variabilité de la demande étrangère ainsi que les arriérés de paiement. Un problème qui s’est accentué depuis l’avènement de la crise économique. La sous-traitance, l’automobile ainsi que le textile-habillement sont les secteurs les plus touchés.
Contrairement aux PME des autres pays du Maghreb, les structures nationales ne souffrent pas de la faiblesse des infrastructures. En effet, à peine 12% des firmes interrogées déclarent que l’infrastructure constitue un frein à leur croissance. «Les PME ont profité de la libéralisation du secteur des télécommunications et de l’arrivée de nouveaux opérateurs, ainsi que des politiques de développement régional ayant contribué au renforcement de l’électrification du territoire et la construction d’un réseau routier de qualité», explique l’auteur de l’étude.
Rappelons que cette enquête a touché 125 dirigeants de PME nationales, employant entre 1 et 200 salariés. Les entretiens ont été réalisés de visu entre juillet et septembre 2012. L’échantillon est composé de PME des principales régions et représente tous les secteurs d’activité.