15/11/2012

Dépenses publiques : un arrêté qui ne règle pas tous les problèmes


Pour se faire régler par certaines entreprises publiques, c’est parfois la croix et la bannière. Est-ce la fin du cauchemar pour les patrons de PME? En tout cas, la Direction des établissements publics et de la privatisation (DEPP), relevant du ministère des Finances, vient de publier l’arrêté n°780-12. Il s’agit de la nomenclature des pièces justificatives devant être respectées pour l’exécution des dépenses des établissements et autres entreprises publics.

Une démarche de grande importance aussi bien pour ces entités que pour leurs fournisseurs qui se plaignent souvent des retards de paiement dus à des difficultés bureaucratiques. L’arrêté constitue également une nouvelle approche dans l’amélioration de la gouvernance des établissements publics, en matière de maîtrise des dépenses, de transparence et d’efficacité. La nomenclature s’applique à deux types de dépenses: celles du personnel (salaires, augmentations, primes…) et celles des biens et services (honoraires, marchés publics, achats de matériels…).
La normalisation de la nomenclature des pièces justificatives intervient après celle des dépenses de l’Etat, publiée d’abord en 2003, puis mise à jour en 2009. En diffusant cette nomenclature, la DEPP souhaite mettre fin aux divergences d’interprétation de la réglementation en matière de dépenses publiques. Ce qui devrait en principe se traduire par le raccourcissement des délais de paiement et la réduction du coût du contrôle a priori des dépenses et de celui de la gestion des établissements. «Certains contrôleurs financiers font toujours de l’excès de zèle en réclamant des documents administratifs. L’objectif étant de retarder le règlement des fournisseurs», explique le patron d’une entreprise de travaux publics. A l’excès de zèle s’ajoute l’angoisse des contrôleurs financiers d’engager leur responsabilité devant les magistrats de la Cour des comptes.
La nomenclature de la DEPP devait mettre un terme à ce type de difficultés. Sauf que, si cet arrêté constitue une grande avancée, il ne règle les problèmes qu’à moitié. En effet, ce texte ne s’applique qu’à la phase du paiement des dépenses. Il faut rappeler que la passation des marchés publics passe par deux étapes: la proposition d’engagement de la dépense (1re phase) et la validité du paiement (2e phase). La première conditionne la seconde. Par conséquent, avant de donner l’ordre de service, par exemple, à une entreprise de BTP pour démarrer un chantier, l’établissement public doit disposer d’un certain nombre de pièces justificatives. Une disposition importante pour que le marché soit revêtu du visa du contrôleur financier. Mais ces pièces justificatives ne font l’objet d’aucun référentiel. Du coup, cette opération en amont continuera toujours d’enregistrer les mêmes problèmes d’interprétation de la part des contrôleurs financiers et des trésoriers payeurs de la DEPP.
L’absence d’une nomenclature sur les engagements de dépense des établissements et entreprises publics continuera donc de peser sur les délais de paiement et par ricochet sur le calendrier de réalisation des programmes d’investissement. «Faute d’un référentiel, le contrôleur financier pourra toujours exiger des pièces justificatives correspondant à sa propre interprétation», explique un juriste.
L’arrêté que vient de publier la DEPP ne règlera pas les problèmes d’interprétation du dispositif d’exécution des dépenses dans leur globalité. En effet, contrairement à l’Etat, concerné par une nomenclature incluant les phases d’engagement et de paiement, qui sont contrôlées par le seul trésorier, les dépenses des établissements publics sont supervisées par les contrôleurs financiers et les trésoriers payeurs. Par conséquent, chacun continuera d’interpréter les lois et règlements à sa guise.

Redondance
 Un trésorier-payeur peut toujours, par exemple, remettre en cause l’imputation budgétaire d’une dépense bien qu’elle ait déjà été visée par le contrôleur financier et donc réclamer le PV de la commission d’un appel d’offres. Ce qui n’est pas le cas pour le contrôle des dépenses de l’Etat où ledit PV ne figure pas dans la nomenclature des pièces justificatives. Ne serait-il donc pas opportun de fusionner les fonctions trésorier-payeur et contrôleur financier comme ce fut le cas du contrôleur des engagements de dépenses (CED) et du trésorier de la TGR pour les services de l’Etat? Ce réaménagement éviterait des contrôles redondants et donc coûteux.