10/06/2011

Entretien de Bassim Jaï Hokimi, président d’Atlamed


La création de deux fonds totalisant 850 MDH aura un apport significatif, mais évidemment non exhaustif par rapport à l’étendue des besoins de financement de la PME.
Pour Bassim Jaï Hokimi, président d’Atlamed, le projet de décret sur les marchés publics ne semble pas apporter d’avancée significative pour les PME, ni en termes de préférence nationale, ni de clauses particulières.
- F.N.H. : Les 2èmes Assises de l’Industrie ont connu la signature d’une convention portant sur la création d’un fonds public-privé pour permettre aux PME d’accéder au financement. Cela permettra-t-il de mettre fin à cette problématique d'accès au financement qui se posait avec acuité aux PME ?
- Bassim Jaï Hokimi : Il s’agit en fait de deux fonds totalisant 850 millions de dirhams, soit un peu plus de 0,1% du PIB ou encore 0,2% de l’encours des crédits de trésorerie et d’équipement toutes entreprises confondues. Même en les ajustant au périmètre de la PME, ces ratios demeurent modestes, mais il faut prendre en compte la démultiplication induite par la capacité à lever des crédits supplémentaires grâce à l’injection de fonds propres. En outre, cette initiative publique aura un effet d’entraînement positif sur le développement du capital-investissement, en général, qui a encore besoin de gagner 1% du PIB par rapport aux standards des pays développés.  Elle sera donc d’un apport significatif, mais évidemment non exhaustif par rapport à l’étendue des besoins de financement de la PME. Par ailleurs, cette mesure tout à fait louable ne doit pas faire oublier que le premier problème de financement des PME réside dans le délai de recouvrement de leurs créances, y compris sur les commandes publiques !
- F.N.H. : Vous avez appelé à l’Association des PME aux grands projets en cours dans le cadre du Plan Emergence. Pensez-vous qu’il y a une prise de conscience prévoyant une place de la PME dans ces grands chantiers ? 
- B. J. H. Cette préoccupation se fait de plus en plus pressante comme l’illustre, par exemple, l’intervention du président de la CGEM lors de ces assises où il a notamment insisté sur le volet compensation-intégration. De leur côté, les pouvoirs publics multiplient les mesures d’appui au financement et à la mise à niveau compétitive de la PME, mais il faut probablement encore améliorer la concertation entre les parties publiques et privées pour traduire ces volontés en résultats rapides, car il y a un large consensus international sur le rôle clef de la PME dans la création d’emplois.
- F.N.H. : À votre avis, le projet de décret concernant les marchés publics répond-t-il aux préoccupations des PME, notamment celle de leur permettre l’accès à certains de ces marchés ? 
- B. J. H. Je ne l’ai pas étudié dans le détail, mais il me semble ne pas apporter d’avancée significative sur ce plan, ni en termes de préférence nationale, ni de clauses particulières pour la PME à l’image de ce qui existe depuis bien longtemps aux USA (small business act), ou de ce qui est en train de se mettre en place en Europe et plus particulièrement en France (Pacte PME).
- F.N.H. : L’expérience des fonds d’investissement, notamment le capital-investissement, est récente au Maroc. Alors avant d’aller plus loin, que ce soit pour les PME ou pour d’autres secteurs comme le tourisme, est-ce qu’il faut réviser le cadre réglementaire et fiscal ?
- B. J. H. Le cadre fiscal du capital-investissement, n’est toujours pas approprié à mon sens, si l’on veut que notre pays s’affirme comme un leader régional en la matière. Une nouvelle réglementation portant sur le statut des sociétés de capital-risque devrait bientôt améliorer ces conditions ; mais j’ai surtout bon espoir que l’expérience que vont acquérir les pouvoirs publics à travers le lancement de ces deux nouveaux fonds publics-privés pour la PME, permettra une accélération de la mise à niveau de notre environnement du capital-investissement en général.

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