22/04/2011

Établissements publics : Il est temps de serrer la ceinture !

Le Premier ministre a envoyé récemment à l’ensemble des établissements publics bénéficiant de subventions, une circulaire qui stipule une réduction de 10% des dépenses de fonctionnement.
A partir de vendredi 15 avril, des réunions sont programmées avec le ministère des Finances en vue de passer au peigne fin les rubriques budgétaires pouvant faire l’objet de la réduction.
Récemment, la Primature a envoyé une circulaire à l’ensemble des établissements publics en vue de les exhorter à une réduction des dépenses publiques de l’ordre de 10%.
Cette mesure intervient à un moment où la flambée des prix des matières premières atteint son paroxysme.  Comme le stipule la circulaire, la hausse des cours du baril de pétrole et celle des autres matières premières a eu un impact négatif sur l’équilibre de la Caisse de compensation. Il y a à peine deux mois, le gouvernement marocain annoncé sa décision de doubler quasiment les fonds de la Caisse de compensation qui finance la politique publique de subventions, dans le but de pallier cette hausse des prix des produits de première nécessité (gaz butane, sucre). Il s’agissait en fait de donner à la Caisse 15 Mds de DH qui s’ajouteront aux 17 Mds prévus par le budget 2011.
Aussi, la hausse des prix des matières premières a coïncidé avec des ponctions exceptionnelles sur le budget général et celui de quelques établissements publics. Il s’agit principalement des engagements des pouvoirs publics en matière de dialogue social. Eu égard à tout ce qui précède et afin de renflouer les fonds de la Caisse, les établissements publics qui bénéficient de subventions doivent, dans le courant de 2011, rationaliser leurs dépenses, tout en réduisant le niveau de vie de la fonction publique, mais sans que cela impacte le niveau des prestations de services fournies aux citoyens.
Aussi, apprend-on dans la circulaire du Premier ministre que cette réduction devrait concerner les budgets alloués aux réceptions, aux frais de déplacements, à l’organisation des séminaires et conférences, à l’achat des voitures de fonction et aux huiles et carburants.
Dépense publique : Le serpent blanc
«Et pour passer au concret, des réunions sont ainsi programmées à partir de demain au sein du ministère des Finances avec quelques établissements publics», annonce une source proche du dossier. Le but de ces réunions est de passer en revue l’ensemble des rubriques budgétaires sujettes à une révision à la baisse. Ces réunions seront ainsi échelonnées dans le temps et concerneront l’ensemble des établissements publics bénéficiant de subventions.
Inutile de rappeler que la hausse des matières premières entraîne toujours dans son sillage celle des produits de consommation. Et, donc, par ricochet se répercute sur le pouvoir d’achat des citoyens.
Cette réduction des dépenses publiques de l’ordre de 10% paraît a priori la solution idoine. Elle intervient aussi à un moment où la dépense publique suscite de plus en plus l’intérêt de l’opinion publique et de la société civile qui s’interrogent en toute légitimité sur la destination de l’argent public. Idem, le projet de décret de la réforme des marchés publics, en cours de finalisation au niveau de la Commission des marchés relevant du Secrétariat Général du Gouvernement, marque un saut qualitatif en matière de réglementation des marchés publics et donc de l’efficience de la dépense. Mais toujours est-il que cette mesure, instaurée par le Premier ministre, met en exergue la défaillance de la politique budgétaire. Encore que le vrai problème des investissements publics aujourd’hui n’est pas la quantité, mais la qualité. Le problème repose dans le contenu plus que dans le contenant. Cette problématique est aussi évidente à cause de la nature des dépenses qui feront objet de la réduction de 10%.
A défaut de mesures structurelles, les pouvoirs publics essayent chaque fois de colmater les brèches. «On augmente les dépenses et on réduit les recettes en cherchant à maintenir un déficit budgétaire raisonnable. C’est ce que j’appelle aller droit au mur», explique N. Akesbi dans une interview accordée à Finances News Hebdo (Voir www.financespress.ma). Disons qu’on augmente les fonds d’investissement, ce qui est une bonne chose, mais c’est utilisé à mauvais escient. Ce qui pose effectivement des problèmes de croissance, parce que ces investissements ne génèrent pas des ressources efficaces économiquement et financièrement à une échelle perceptible.
«La dépense de fonctionnement est le serpent blanc qui revient régulièrement. Malheureusement, on constate qu’aucune réforme sérieuse n’a été faite alors que le besoin d’une réforme est tellement évident. A commencer par les gros salaires», tranche N. Akesbi.