12/11/2019

Délais de paiement L’Etat met la pression sur le privé


En affichant les délais de paiement des entreprises et établissements publics, le ministère des Finances a effectué un pas important en vue de l’amélioration de ces pratiques qui polluent l’environnement des affaires.
La balle est désormais dans le camp du secteur privé où gisent 423 milliards de DH de crédits interentreprises (source: Inforisk 2017).
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Transposer les mêmes règles au secteur privé et obliger les entreprises à divulguer publiquement leurs délais de paiement est plus sensible. C’est un sujet hautement politique. L’Etat ne veut pas se lancer dans une bataille frontale contre les mauvais payeurs parce que, parmi eux, il y a de grands contributeurs au Budget, de grandes entreprises qui assurent les fins de mois du Trésor. D’où la démarche diplomatique adoptée jusqu’ici. Le ministre des Finances a encore interpellé les entreprises privées sur leurs délais de paiement lors d’une rencontre organisée à la CGEM sur le projet de loi de finances.
Les délais de paiement tels qu’ils sont publiés aujourd’hui présentent des limites dans la mesure où ils ne reflètent pas totalement le comportement de paiement des entreprises. Les données sont issues des bilans et renseignent sur la situation à un instant précis.
Une facture qui a été réglée en dix mois au cours de l’année n’apparaîtra pas dans les comptes en fin d’année. Inforisk, spécialiste du renseignement commercial, et son partenaire Dun&Bradstreet sont en cours de déploiement d’un programme (Inforisk Dun Trade) qui devrait permettre aux entreprises de disposer d’une information plus fine sur le comportement de paiement de leurs contreparties.
Ce programme est déjà opérationnel dans plus de 47 pays et compte plus de 15.000 entreprises adhérentes. En complément des données bilancielles, Inforisk va recueillir directement l’information auprès des fournisseurs (en leur garantissant l’anonymat) afin d’établir l’expérience de paiement d’une entreprise.
L’une des raisons pour lesquelles la loi sur les délais de paiement est inopérante est qu’elle ne protège pas les entreprises qui en souffrent. Elles ne peuvent donc pas se reposer sur ce texte pour récupérer leurs créances de peur de représailles des clients. Dans bien des cas, une grande partie de leur chiffre d’affaires est concentrée sur trois ou quatre clients et elles ne veulent pas prendre le risque de les perdre en appliquant la loi.
Pour une entreprise, le programme Inforisk Dun Trade va lui permettre de fournir des informations sur le comportement de paiement de ses partenaires sans compromettre sa relation avec ces derniers. «Les entreprises ont manifesté un réel intérêt pour le programme. Mais l’opérationnalisation est plus lente parce qu’il y a une organisation à mettre en place pour remonter des informations fiables», soutient Khalid Ayouch, président directeur général du groupe Inforisk. 
La société de renseignement commercial a déjà recruté une dizaine d’entreprises qui lui donnent accès à l’expérience de paiement d’un millier de sociétés. Inforisk compte sur des relais comme la CGEM, les Chambres de commerce et les établissements financiers pour rapidement agrandir sa base.