Les inégalités persistent dans le secteur privé. C’est le
constat que dresse le dernier rapport de la Banque mondiale (BM) réalisé
sous la direction de la Société financière internationale (SFI).
Intitulé
“Diagnostic du secteur privé”, ce rapport estime “inquiétante” la dynamique de
ce secteur au Maroc et appelle à “une nouvelle vague de réformes”.
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Stimuler la croissance du secteur privé, la création
d’emplois et l’amélioration des compétences, telles sont les principales
recommandation de la BM au Maroc. Car malgré le taux d’investissement
“remarquablement élevé” du royaume, comme le souligne la BM en introduction,
précisant qu’il est l’un des plus élevés au monde avec une moyenne de 34% du
PIB par an depuis le milieu des années 2000, les retombées en termes de
croissance économique, de création d’emplois et de productivité ont été
“décevantes”.
De nouvelles règles du jeu
A titre comparatif, l’institution mondiale de la finance
cite les exemples de la Colombie, des Philippines et de la Turquie qui ont
atteint des taux de croissance similaires ou supérieurs, avec des niveaux
d’investissement nettement inférieurs. “Les pays qui ont réussi à décoller
économiquement sont parvenus à maintenir des taux annuels de croissance du PIB
par habitant bien au-delà de 4 % pendant des décennies (contre des taux
annuels moyens au Maroc de 2,9 % entre 2000 et 2017 et de seulement 1,6 % entre
1990 et 2000)”, relève l’institution.
Alors, pour permettre à l’économie de décoller et tirer la
croissance, l’accent doit être mis sur le secteur privé à travers une multitude
de nouvelles réformes, notamment une mise en place de règles du jeu ”équitables
pour tous les opérateurs”, précise le rapport. Si de nombreuses politiques ont
permis de réaliser les IDE (investissements directs à l’étranger) et de gros
investissements, elles accentuent, cependant, “les disparités dans les
conditions de marché auxquelles sont confrontées les entreprises, d’autant que
les mesures visant à répondre aux besoins des petites entreprises ont connu un
succès relativement moindre”, poursuit la BM.
Pour cette dernière, les nombreux mécanismes d’incitation
offerts pour de nouveaux investissements dans les zones industrielles, mais
excluant les exportateurs existants à l’extérieur de ces zones, témoignent d’un
parti pris en faveur des grands investisseurs et des IDE. “Cette situation a
vraisemblablement découragé les entreprises existantes en dehors des zones de
devenir exportatrices ou d’accroître leurs exportations, bien que des mesures
soient en ce moment mises en place pour rééquilibrer les incitations à
l’implantation”.
Ainsi, la BM recommande, en priorité, aux politiques et
institutions d’analyser la neutralité concurrentielle des activités
commerciales des entreprises publiques en effectuant des analyses de
subsidiarité et en clarifiant la portée de leurs activités. Elle conseille
aussi d’appliquer le même ensemble de règles et de fournir les mêmes
incitations aux activités commerciales des entreprises publiques que celles
offertes aux entreprises privées (par exemple, marchés publics, accès au
foncier et aux financements).
Création d’emploi en berne
“L’économie marocaine a enregistré des performances
particulièrement décevantes en termes de création d’emplois. Alors que la
population en âge de travailler a augmenté, en termes nets, de 270.000
personnes par an entre 2012 et 2016, seulement 26.400 nouveaux emplois
nets ont été créés en moyenne par an”, fait constater le rapport. Avec
seulement 17% de la population en âge de travailler qui a un emploi formel, et
moins de 10% avec un emploi formel du secteur privé, la productivité du Maroc a
été “faible”.
Sur le long terme, entre 1970 et 2011, l’économie marocaine
n’a enregistré “aucun gain de productivité totale des facteurs de production
(PTF)”. Bien qu’une légère amélioration s’est faite ressentir dans les années
2000, avec des gains de productivité positifs, ces derniers n’ont pas été
suffisants pour soutenir la croissance actuelle, relève la BM.
“L’accent mis sur la contestabilité du marché et la
concurrence contribuerait à créer les conditions de l’émergence d’un secteur
privé dynamique et diversifié, capable de créer les emplois dont le Maroc a
urgemment besoin”, indique la même source. Le Maroc se doit donc de créer “un
environnement favorable aux entreprises afin qu’elles puissent pénétrer les
marchés, se développer et exporter”.
Et pour stimuler davantage d’emplois, il faudra, estime le
rapport, accroître l’accès des nouvelles et jeunes entreprises ainsi que des
PME aux services essentiels afin de bâtir des écosystèmes solides à l’appui de
la productivité et de l’innovation. Il est tout aussi nécessaire d’intensifier
les activités qui favorisent l’entrepreneuriat, comme le mentorat, le
réseautage et les concours d’entreprises, ajoute la BM, appelant à continuer à
soutenir et à développer l’offre de services d’incubation, d’accélération et de
développement commercial aux startups, entre autres.