22/07/2019

Investissements publics: L’argent est là mais pas l’impact


L’augmentation du volume des investissements publics n’est pas accompagnée d’un effet tangible sur la dynamique économique et sociale. Un constat largement partagé, notamment suite aux conclusions de différentes études sur le sujet.
Saâdeddine El Othmani est conscient de cette situation. Lors de son intervention devant les Conseillers dans le cadre de la séance mensuelle des questions de politiques publiques, il a souligné qu’il s’agit d’un problème structurel, auquel les gouvernements successifs ont essayé de répondre. Aujourd’hui, l’important est d’accompagner les investissements de l’Etat par des mécanismes favorisant une amélioration de leur performance.
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Face aux critiques des Conseillers, El Othmani a noté que «le volume global des investissements de l’Etat, des entreprises et établissements publics, et des collectivités territoriales a augmenté de 16,5% entre 2011 et 2019». Actuellement, il représente 30% du PIB, a-t-il dit. Le chef du gouvernement a également mis l’accent sur l’amélioration du taux d’exécution des investissements programmés dans les lois de Finances, passant de 62,43% en 2013 à 78,99 en 2017. Cela s’est traduit par une baisse des crédits reportés d’année en année, passant de 84% en 2013 à 36% en 2017.
Toutefois, le rendement de ces investissements reste le talon d’Achille, de l’avis même du chef du gouvernement. D’où l’importance d’introduire des mesures correctives pour favoriser une meilleure efficience des fonds mobilisés par l’Etat. El Othmani a mis l’accent sur les résultats d’une évaluation du modèle de gouvernance des investissements publics, réalisée fin 2017. Les conclusions de ce rapport ont permis de fixer les orientations de la réforme en cours du système, selon le chef du gouvernement. L’objectif est de «consolider les performances socio-économiques de l’investissement public». Les premières mesures portent sur le mode de gestion. Parmi les actions prévues: une meilleure préparation des projets, notamment via des études préalables portant sur leur impact économique et social, leur coût et la durée de leur réalisation. S’y ajoute la nécessité de l’assainissement du foncier destiné à la réalisation de ces projets. Parallèlement, le gouvernement se penche sur la mise en place et l’opérationnalisation progressive d’un Système de gestion des investissements publics (SGIP), selon El Othmani. Celui-ci s’articule autour de plusieurs axes. En tête, le volet législatif et réglementaire. L’objectif est d’assurer la cohérence du processus de gestion des investissements publics, sur la base de règles communes. «Des scénarios juridiques ont été définis en vue de mettre en place un référentiel unifié pour la gestion des investissements publics», a-t-il expliqué. Un guide général d’évaluation socioéconomique des projets d’investissement est également en cours d’élaboration.
L’exécutif mise également sur de nouveaux mécanismes de suivi. El Othmani a insisté sur le nouveau rôle de la cellule de suivi de l’exécution des investissements, créée au niveau de la Direction du budget au ministère des Finances. Parmi les missions de cette entité: la mise en place d’un système d’information ouvert à tous les ministères et établissements publics, afin d’accéder aux données relatives aux projets en cours d’exécution. Elle est également chargée de la réalisation de rapports périodiques sur l’état d’avancement des investissements programmés. Elle devra également procéder à la création d’une banque de projets. Celle-ci sera alimentée par les unités de gestion, qui seront également créées au niveau des différentes institutions en charge des projets. Cette base de données permettra également de disposer d’une cartographie des investissements, et de faciliter les opérations de contrôle. Le gouvernement se penche actuellement sur la finalisation des cahiers des charges relatifs à cette base de données, a fait savoir El Othmani. Celui-ci a également mis en avant le rôle de la nouvelle Agence nationale des équipements publics, dont la loi portant création est actuellement en examen à la Chambre des conseillers, dans l’amélioration des performances des investissements publics. Idem pour les partenariats public-privé, dont la réforme a été adoptée au Conseil du gouvernement en avril dernier,  en vue d’assurer plus de flexibilité et d’attractivité aux PPP.


Quid des entreprises publiques

LES investissements réalisés par les entreprises et établissements publics ont connu une évolution en dents de scie depuis 2011. Ils sont passés de 68,9 milliards à 78 milliards en 2013, avant d’atteindre 72,7 milliards en 2016, puis 61,3 milliards en 2017 et 65,4 milliards en 2018. Ces baisses sont expliquées par la finalisation de certains grands chantiers en plus de la réorientation des investissements sur la base des objectifs de cohésion sociale et de création d’emplois, selon le chef du gouvernement. Cela s’est traduit par une forte concentration sur l’amélioration de l’exploitation des infrastructures réalisées et le renforcement des moyens d’entretien.