Le service sera lancé le 10 mai prochain. La problématique
du refus de certaines administrations d’accuser réception des factures de leurs
prestataires pour retarder le démarrage du compteur des délais de paiement
légaux sera réglée.
C’est une annonce importante qu’ont fait les membres du
gouvernement et de l’administration ce mardi 19 février, lors de la conférence
sur les délais de paiement organisée par la CGEM, le ministère des finances et
celui de l’Intérieur.
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Il s’agit du lancement par la Trésorerie Générale du Royaume, à partir du 10
mai prochain, d’une plateforme de dépôt électronique des factures par les
prestataires de l’Etat (Administration et collectivités territoriales, les
établissements publics à caractère commercial sont exclus car régis par la loi
49-15 sur les délais de paiement).
Cette plateforme sera connectée au système GID de la TGR (Gestion intégrée
de la dépense) pour lui permettre de prendre en compte la phase de
certification du service fait. Une phase problématique durant laquelle les
pratiques historiques de certaines administrations ont déteint sur les
résultats de la réforme des
délais de paiement dans le cadre de la commande publique adopté
en 2016.
Noureddine Bensouda, Trésorier général du Royaume, a reconnu clairement cette
problématique, dénoncée depuis longtemps par le secteur privé : Certaines
administrations refusent d’accuser réception des factures de leurs prestataires
pour retarder le démarrage du compteur des délais de paiement légaux.
« Le délai moyen de certification du service fait, qui court à partir du
dépôt de la facture, a été de 2,56 jours contre un délai légal de 30 jours. Un
succès en trompe-l’œil sachant les pratiques sur le terrain de certains acteurs
de l’administration », se désole M. Bensouda.
Le lancement de cette plateforme permettra de résoudre ce problème. Toutes les
entreprises inscrites pourront déposer électroniquement leurs factures, dépôt
qui sera automatiquement notifié aux ordonnateurs. Les factures seront
horodatées et signées électroniquement par les responsables de la constatation
du service fait pour déterminer les responsabilités et les délais de
traitement.
Dès sa mise en place, cette plateforme permettra de couvrir 60% de la
commande publique de l’Etat et des collectivités territoriales, annonce
Noureddine Bensouda. Ce taux montera à 91% d’ici 3 ans, promet le trésorier
généal.
Baisse des délais de paiement de l'Etat en 2018
Ce nouveau maillon renforcera les résultats de la réforme
des délais de paiement dans le cadre de la commande publique qui sont déjà
probants :
- Le délai moyen d’ordonnancement des
dépenses (Etat et collectivités territoriales) est passé de 140 jours en 2016 à
53,6 jours en 2017 puis à 35,5 jours en 2018. Le délai légal est de 45 jours.
- Le délai moyen du visa et du règlement par
les comptables publics est passé de 6 jours à 4,5 jours puis à 3,5 jours. Le
délai légal est de 15 jours.
- Au total, le délai de paiement moyen
de l’Administration est passé de 146 jours à 58 jours puis à 39 jours. Pour les
collectivités territoriales il est passé de 142 jours à 58 jours puis à 44
jours. Le délai légal est de 60 jours.
- Bien entendu, il s’agit de moyennes.
Autrement dit, certains ministères ou collectivités territoriales peuvent dépasser
les délais légaux pour certains marchés.
- D’où le paiement d’intérêts moratoires.
Mais compte tenu de la réforme les intérêts moratoires n’ont pas beaucoup
augmenté : 15,5 MDH payés en 2018 contre 12,5 MDH en 2016, après un pic de
18,5 MDH en 2017. Le tiers de ces intérêts a été payé à l’initiative des
ordonnateurs et les deux tiers par les comptables publics.
Pour rappel, la réforme des délais de paiement dans les marchés publics a été
menée en concertation avec la CGEM. Le décret sur les délais de paiement et les
intérêts moratoires a été adopté en 2016 et entré en vigueur en janvier 2017.
Le diagnostic mené a fait ressortir les dysfonctionnements suivants
Durant la phase de certification du service fait :
- Problème de définition de ce que c’est la
constatation du service fait.
- Dilution de la responsabilité et pluralité
des intervenants habilités à constater le service fait.
- Imprécision des dates de constatation du
service fait et des personnes habilités à le faire.
- Hétérogénéité des délais impartis à
l’administration pour constater le service fait.
- Confusion en matière de délais impartis à
l’entreprises pour accepter les modifications au service fait demandées par
l’Etat.
Après la phase de constatation du service fait :
- Pluralité et confusion des textes
régissant les délais d’ordonnancement et de paiement.
- Les intérêts moratoires étaient appliqués
uniquement aux marchés classiques de l’Etat. Les autres formes de
contractualisation et les collectivités territoriales étaient exclues
- Le taux des intérêts moratoires était peu
dissuasif.
- L’application des intérêts moratoires
n’était pas systématique.
L’adoption du décret sur les délais de paiement a permis plusieurs avancées sur
le plan législatif :
- Uniformisation et responsabilisation des
personnes habilitées à établir les actes de constatation des services fais.
- Fixation au maitre d’ouvrage d’un délai de
30 jours au-delà duquel le service fait est réputé accepté.
- Fixation à l’entreprise d’un délai
de 15 jours pour l’acceptation des rectifications demandées par l’Etat.
- Harmonisation du délai de paiement légal à
60 jours (90 jours auparavant pour les collectivités)
- Elargissement du champ d’application des
intérêts moratoires à toute la commande publique (Administration,
collectivités territoriales, et établissements à caractère administratif).
- Majoration de 1% du taux des intérêts
moratoires (le taux de base est celui des bons du Trésor d’une durée de 3
mois) et Obligation de la réservation des crédits destinés à les couvrir.
- Automatisation de l’application des
intérêts moratoires.
L’évolution devait également être d’ordre technique. Le système GID de la TGR a
été amélioré :
- Traçabilité des actes liés à la commande
publique et au paiement des dépenses y afférents : suivi des dates de
dépôt des factures, d’échange entre le fournisseur et le maitre d’ouvrage, de
certification du service fait, d’ordonnancement et de règlement. Les
responsabilités sont déterminées.
- Liquidation et calcul automatique des
intérêts moratoires.
- Alerte automatique aux ordonnateurs et aux
comptables publics du risque de dépassement des délais.
- Possibilité pour les entreprises de suivre
à travers le système GID l’état d’avancement de leurs factures.
Avec le lancement de la plateforme de dépôt électronique des factures, la
boucle sera bouclée… ou preque. Les pouvoirs publics sont conscients qu’il
reste des dossiers anciens à régler et rien ne garantit que toutes les
administrations respecteront les procédures à la lettre, sans parler des cas
particuliers ou problématiques.
Pour traiter ces cas, le ministère de l’Intérieur a mis en place les comités
régionaux et le comité central des délais de paiement auxquels un article sera
dédié prochainement.