31/01/2019

Audiovisuel public: Laâraj esquive les questions des députés

Le pôle audiovisuel public s’est taillé un taux d’audience de 47,8% en 2017 face à la concurrence féroce de plus de 1.200 chaînes des pays arabes et d’Europe. C’est Mohamed Laâraj  qui l’a affirmé mardi devant les députés de la Commission de l’enseignement et de la culture de la Chambre des représentants.

Le ministre de la Communication a considéré cette réalisation comme une performance exceptionnelle dans le monde, en comparaison avec les scores atteints par les pôles publics au Moyen-Orient autour de 8,6% dans plus de 15 pays de la région.

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En Europe, dans 37 Etats, les chaînes nationales arrivent à peine à décrocher près de 25,5% d’audience, selon une étude publiée par Eurodata. Ainsi, le pôle public marocain occupe la 11e place parmi plus de 7.000 chaînes dans 110 pays couverts par l’étude en question. Ce qui fait dire au ministre que malgré la diversité culturelle et linguistique pouvant lui permettre de regarder plusieurs télévisions, le téléspectateur marocain est resté fidèle aux chaînes publiques nationales.
Devant les députés visiblement médusés, Mohamed Laâraj ne semble pas avoir écouté leurs motivations à l’origine de la convocation des responsables du pôle audiovisuel public que sont Faïçal Laraïchi, PDG de la SNRT, et Salim Cheikh, DG de Soread 2M.
Les parlementaires voulaient des réponses concrètes sur plusieurs questions: «le clientélisme dans la passation des marchés publics», «les 4 sociétés qui raflent la mise au détriment de PME», «les productions médiocres diffusées au cours du mois de Ramadan», «les causes de la crise financière de la Soread 2M»,… Les députés sceptiques devant l’intervention du ministre devront prendre leur mal en patience puisque le débat a été reporté à une date ultérieure. Ils devront se contenter d’exposés des patrons des deux chaînes. Ainsi, Faïçal Laraïchi s’est montré plus convaincant que Mohamed Laâraj, particulièrement lorsqu’il a valorisé les compétences techniques et logistiques de son entreprise.
«La SNRT s’était distinguée dans la couverture de grands évènements à l’instar du tournoi footballistique, le CHAN. La couverture médiatique et la diffusion des matchs en direct ont été assurées par la chaîne publique. Cela n’existe nulle part dans le monde», a martelé Faïçal Laraïchi. La SNRT s’est appuyée sur ses ressources internes en offrant ce service gratuitement alors qu’ailleurs, il aura coûté au moins 6 millions d’euros.
Il cite également la COP22 à Marrakech où «la SNRT s’était occupée de la couverture sans encaisser le moindre centime». La COP21 à Paris a été prise en charge par deux sociétés pour 7 millions d’euros. A cette occasion, le PDG a révélé un autre aspect méconnu du travail de la SNRT qui fabrique les cars de régie.
«Dix pays dans le monde les produisent. Le Maroc en fait partie. Nous ne faisons appel à aucune expertise extérieure en matière de fabrication et de maintenance», souligne-t-il devant les députés surpris par les exploits des techniciens marocains dans le domaine de la télévision. Idem pour les news serveurs, le cœur de la télévision dans le monde, qui sont produits localement.
Tout en promettant de commencer à les exporter, le PDG a également abordé un sujet qui fait couler beaucoup d’encre: la commission d’achat des programmes. Créée par le cahier des charges prévu par la loi, elle est composée de 8 personnes dont 4 venant de la maison et 4 autres, des personnalités indépendantes, sans avoir des conflits d’intérêts, précise-t-il.
Le document interdit au PDG d’être partie prenante des appels d’offres qui sont lancés trois fois par an dans des journaux et sur le site de la SNRT. La responsabilité de cette mission de sélection des programmes incombe à la commission. A l’occasion, il revient sur l’affaire  des 4 sociétés qui accaparent le marché pendant le mois sacré du Ramadan.
Pour convaincre les députés, il rappelle que toutes les entreprises n’ont pas les moyens de financer la production au point que 99% des sociétés ne font pas un chiffre d’affaires de 50 millions de DH. Les deux tiers sont des petites sociétés qui grandissent au fur et à mesure, rappelle-t-il.
La numérisation à la télé n’est pas en reste. La SNRT-live, une application qui permet de suivre la radio et télévision marocaines gratuitement dans le monde entier, attire beaucoup de monde. En effet, 2 millions de personnes ont déjà téléchargé l’application de la SNRT et autant celle de 2M, indique-t-il. Selon lui, YouTube SNRT a totalisé 3,7 milliards de minutes d’audience et 527 millions de  vues.

2M rationalise ses dépenses
Pour Salim Cheikh, le modèle de développement de 2M est commercial. L’essentiel de son budget provient des ressources publicitaires, même si ce marché ne connaît pas de croissance.  Selon une note distribuée aux parlementaires, la Soread 2M a entamé la rationalisation de ses dépenses, particulièrement celles extérieures qui ont permis d’économiser 258 millions de DH accumulés depuis 2008. L’absence d’un contrat-programme a eu des effets négatifs avec une réduction du soutien d’exploitation, conformément aux dispositions du service public. En plus, la contribution de l’Etat dans les dépenses de l’entreprise est passée de 34% en 2000 à 5% en 2012. Les dotations avancées à la Soread au cours de 4 années de 2009 à 2012 ont été placées dans le compte courant pour les transformer par la suite en augmentation dans le capital de la société. Par ailleurs, la chaîne a réduit la main-d’œuvre de 15%. Elle a institué un DVD en 2017. Ainsi, plusieurs dizaines d’employés ont quitté l’entreprise, ce qui a permis d’économiser 39,4 millions de DH en une année. Le nombre d’employés est passé de 766 en 2011 à 625 en 2017.