09/03/2017

Délais de paiement: Tout simplement insoutenables!

A moins d'un rattrapage au cours des prochains trimestres, le retard pris dans la formation du gouvernement aura un coût. Cette crise pourrait se traduire par des points de croissance en moins puisque le monde des affaires est en quasi stand by. Cet attentisme est amplifié par la poursuite de la détérioration des délais de paiement. «Nous sommes à 8 voire 9 mois de retards de paiement. Et en face les banques ont serré la vis», déclare un dirigeant de PME.
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Certains secteurs sont directement touchés, d'autres subissent de manière indirecte les conséquences du retard pris dans la constitution d'un gouvernement. Ce qui se traduit par l'absence d'interlocuteurs capables de prendre des décisions ainsi que le retard dans le lancement des projets. «Des lois tardent, des décrets d'application sont renvoyés aux calendes grecques. Les entreprises n'ont aucune visibilité», souligne le président d'une fédération sectorielle dans le BTP. L'exonération de l'IS sur les entreprises industrielles, prévue par le projet de loi de finances 2017 est jugée intéressante. Mais son application attendra la publication d'un décret. «Un gouvernement chargé de la gestion des affaires courantes est-il en mesure de valider ce genre de décret?», s'interroge un opérateur.  Certains appels d'offres accusent des retards puisque leur notification nécessite la validation des ministres. «Les ministres chargés de la gestion courante ne traitent que les urgences», indique un opérateur du BTP.  
Les PME et les petites entreprises ne supportent pas le niveau «dramatique» des délais de paiement. Elles subissent non seulement l'impact des retards de paiement des grandes structures mais aussi ceux de l'administration et des établissements publics. «C'est l'anarchie totale en matière de paiement. Les grandes entreprises privées ne paient pas et l'Etat a ralenti considérablement la cadence depuis le mois de février. Les PME sont devenues les banquiers de leurs clients», tempête le président d'une fédération.
L’enquête 2016 de Coface sur le comportement de paiement des entreprises au Maroc avait relevé que celles  qui relèvent une amélioration sont en nette diminution. Et celles dont les délais se dégradent le plus sont les entreprises dont le client est dans le secteur public! Il faut compter plus de 9 mois en moyenne pour une PME pour encaisser une créance. Ce qui a un impact important sur le besoin en fonds de roulement et la survie des entreprises. D'ailleurs une des raisons qui limite le développement des PME et des très petites entreprises est cette absence de respect des règles notamment en matière de délais de paiement (voir encadré).
Le climat de confiance s'est tellement détérioré que les statistiques de la Trésorerie générale du Royaume sur l'investissement du budget général, qui s'est établi à 11,3 milliards de dirhams à fin janvier, sont perçues comme étant de la «poudre aux yeux. Nous n'avons pas vu la couleur de cet argent».
Le BTP, thermomètre de l'investissement public est toujours malade. «Dans les ministères nous n'avons pas d'interlocuteurs. Nous avons un vide», poursuit un chef d'entreprise qui préfère garder l'anonymat par crainte de représailles. Dans ce secteur en particulier, des entreprises témoignent aussi du  report de certains appels d'offres: «Même quand les entreprises se présentent le jour de l'ouverture des plis, l'absence de représentants de certains ministères retarde le processus».

L'ONCF ne paie plus?
Un établissement comme l'ONCF, qui a certes offert des opportunités aux entreprises à travers le grand projet de LGV, a du mal à payer ses fournisseurs. «Cet établissement est à sec et les entreprises qui travaillent avec lui sont à l'agonie puisqu'elles n'arrivent pas à se faire payer», souligne un opérateur.
Parmi les facteurs à l’origine des retards de paiement des entreprises et établissements publics figurent les besoins de trésorerie liés à leur cycle d’exploitation et des problèmes internes d’organisation. A cela s'ajoutent les problèmes liés à la qualité des dossiers de paiements présentés par certains fournisseurs (manque de pièces, dossiers non-conformes, affaires litigieuses...).

L'échéance du 1er janvier 2018

A partir du 1er janvier 2018, la loi sur les délais de paiement sera étendue aux établissements publics exerçant de manière habituelle ou professionnelle des activités commerciales. Parmi les entreprises publiques concernées, figurent l’ONCF,  Autoroutes du Maroc, groupe OCP et Royal Air Maroc.  
Régis par le décret n°2-16-344, les délais de paiement relatifs à la commande publique s’appliquent également à toutes les transactions commerciales réalisées par le privé avec l’Etat et ses démembrements. En principe, ce décret resserre les délais et conditions de paiement des transactions avec le public.