A moins d'un rattrapage au cours des prochains trimestres,
le retard pris dans la formation du gouvernement aura un coût. Cette crise
pourrait se traduire par des points de croissance en moins puisque le monde des
affaires est en quasi stand by. Cet attentisme est amplifié par la poursuite de
la détérioration des délais de paiement. «Nous sommes à 8 voire 9 mois de
retards de paiement. Et en face les banques ont serré la vis», déclare un
dirigeant de PME.
Espace publicitaire : Avez-vous besoin d’une formation ou conseil en marchés publics, veuillez prendre directement contact avec un consultant du Centre es Marchés Publics par téléphone au +212 666 716 600 ou par email
Certains secteurs sont directement touchés, d'autres
subissent de manière indirecte les conséquences du retard pris dans la
constitution d'un gouvernement. Ce qui se traduit par l'absence
d'interlocuteurs capables de prendre des décisions ainsi que le retard dans le
lancement des projets. «Des lois tardent, des décrets d'application sont
renvoyés aux calendes grecques. Les entreprises n'ont aucune visibilité»,
souligne le président d'une fédération sectorielle dans le BTP. L'exonération
de l'IS sur les entreprises industrielles, prévue par le projet de loi de
finances 2017 est jugée intéressante. Mais son application attendra la
publication d'un décret. «Un gouvernement chargé de la gestion des affaires
courantes est-il en mesure de valider ce genre de décret?», s'interroge un
opérateur. Certains appels d'offres accusent des retards puisque leur
notification nécessite la validation des ministres. «Les ministres chargés de
la gestion courante ne traitent que les urgences», indique un opérateur du BTP.
Les PME et les petites entreprises ne supportent pas le niveau
«dramatique» des délais de paiement. Elles subissent non seulement l'impact des
retards de paiement des grandes structures mais aussi ceux de l'administration
et des établissements publics. «C'est l'anarchie totale en matière de paiement.
Les grandes entreprises privées ne paient pas et l'Etat a ralenti
considérablement la cadence depuis le mois de février. Les PME sont devenues
les banquiers de leurs clients», tempête le président d'une fédération.
L’enquête 2016 de Coface sur le comportement de paiement des
entreprises au Maroc avait relevé que celles qui relèvent une
amélioration sont en nette diminution. Et celles dont les délais se dégradent
le plus sont les entreprises dont le client est dans le secteur public! Il faut
compter plus de 9 mois en moyenne pour une PME pour encaisser une créance. Ce
qui a un impact important sur le besoin en fonds de roulement et la survie des
entreprises. D'ailleurs une des raisons qui limite le développement des PME et
des très petites entreprises est cette absence de respect des règles notamment
en matière de délais de paiement (voir encadré).
Le climat de confiance s'est tellement détérioré que les
statistiques de la Trésorerie générale du Royaume sur l'investissement du
budget général, qui s'est établi à 11,3 milliards de dirhams à fin janvier,
sont perçues comme étant de la «poudre aux yeux. Nous n'avons pas vu la couleur
de cet argent».
Le BTP, thermomètre de l'investissement public est toujours malade. «Dans les
ministères nous n'avons pas d'interlocuteurs. Nous avons un vide», poursuit un
chef d'entreprise qui préfère garder l'anonymat par crainte de représailles.
Dans ce secteur en particulier, des entreprises témoignent aussi du
report de certains appels d'offres: «Même quand les entreprises se présentent
le jour de l'ouverture des plis, l'absence de représentants de certains
ministères retarde le processus».
L'ONCF ne paie plus?
Un établissement comme l'ONCF, qui a certes offert des
opportunités aux entreprises à travers le grand projet de LGV, a du mal à payer
ses fournisseurs. «Cet établissement est à sec et les entreprises qui
travaillent avec lui sont à l'agonie puisqu'elles n'arrivent pas à se faire
payer», souligne un opérateur.
Parmi les facteurs à l’origine des retards de paiement des entreprises et
établissements publics figurent les besoins de trésorerie liés à leur cycle
d’exploitation et des problèmes internes d’organisation. A cela s'ajoutent les
problèmes liés à la qualité des dossiers de paiements présentés par certains
fournisseurs (manque de pièces, dossiers non-conformes, affaires
litigieuses...).
L'échéance du 1er janvier 2018
A partir du 1er janvier 2018, la loi sur les délais de
paiement sera étendue aux établissements publics exerçant de manière habituelle
ou professionnelle des activités commerciales. Parmi les entreprises publiques
concernées, figurent l’ONCF, Autoroutes du Maroc, groupe OCP et Royal Air
Maroc.
Régis par le décret n°2-16-344, les délais de paiement relatifs à la commande
publique s’appliquent également à toutes les transactions commerciales
réalisées par le privé avec l’Etat et ses démembrements. En principe, ce décret
resserre les délais et conditions de paiement des transactions avec le public.