Face aux contraintes des changements climatiques, les Etats
redoublent d’efforts pour intégrer le souci écologique dans leurs stratégies.
Mais au-delà des plans nationaux, c’est au niveau local que les grands efforts
peuvent être menés.
«Le gisement d’efficacité énergétique est énorme, surtout
dans un domaine comme l’éclairage public, qui constitue le 2e poste des charges
d’exploitation dans les communes après la masse salariale», signale Abdelali
Khalil, patron d’Oksa, une société privée qui pilote la SDL lancée par la
mairie de Salé pour la gestion de l’éclairage public.
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Les villes et autres
collectivités locales sont interpellées par ce chantier décisif pour la
durabilité des territoires. Sauf que les communes et conseils municipaux ne
sont pas tous prêts à s’inscrire dans cette démarche. Manque de moyens, absence
d’expertise technique… autant d’arguments avancés par les élus pour expliquer
le retard dans la normalisation de l’approche écologique dans la conception des
projets. Or, «il s’agit surtout d’une question de volonté politique. Car le
financement peut être mobilisé facilement si le projet est bien monté. De même
qu’il existe des solutions techniques pour réaliser des économies de
consommation d’énergie», a expliqué Abdelali Khalil. Ce modèle présente une
série d’avantages pouvant renforcer l’implication des collectivités locales
dans le développement de solutions d’efficacité énergétique dans différents
domaines. Le ministère de l’Intérieur avait réuni récemment les présidents de
communes, lors d’une conférence à Rabat, pour les sensibiliser au sujet de
l’efficacité énergétique et au rôle que peuvent jouer les SDL pour relever ce
défi. Surtout que les communes ont un double challenge: assurer la bonne marche
et la continuité du service public, tout en œuvrant à réaliser des économies
dans la consommation d’énergie. Ce qui est valable pour différents secteurs
dont l’éclairage public, le transport en commun, la distribution d’eau potable,
l’assainissement… Pour chacun de ces domaines, des solutions techniques
existent. L’essentiel c’est «l’engagement des acteurs politiques». Surtout que
des domaines comme «l’électricité sont un acte de pouvoir, souvent exploité par
les élus dans une relation directe avec les citoyens. Lorsqu’on confie sa
gestion à une entité privée, les élus perdent cette capacité d’influencer
directement la vie des personnes», explique-t-on. Or, les SDL permettent aux
collectivités locales d’être plus performantes dans la réponse aux attentes des
citoyens en termes de service public, tout en œuvrant à la réalisation des
objectifs d’efficacité énergétique. «Les SDL permettent un contrôle direct des
collectivités sur les prix et la qualité des prestations, en plus d’une
souplesse de fonctionnement, des procédures de décision et du statut du
personnel». Pour l’instant, Salé est la première ville à lancer une SDL pour
s’occuper de l’éclairage public avec une approche d’efficacité énergétique. A
Marrakech, la décision politique a été prise au niveau de la mairie et sera
bientôt déclinée en appel d’offres. Les autres sociétés de développement local
déjà en place sont surtout dédiées au transport en commun ou à la gestion des
parkings. Pour l’instant, les communes ont déjà lancé une série de mesures pour
réaliser des économies d’énergie et optimiser le rendement des services
publics. Un document de la Direction des régies et des services concédés du
ministère de l’Intérieur montre par exemple qu’en matière de distribution
d’électricité, trois types d’actions ont été lancées. Elles visent l’amélioration
des rendements des réseaux de distribution, la maîtrise de la consommation des
clients et la rationalisation des consommations de l’éclairage public. Surtout
que «certaines villes sont sur-éclairées», a indiqué le patron d’Oksa. D’où
«l’importance du diagnostic effectué avant le lancement des actions». L’idée
est de mettre en place des projets qui correspondent aux spécificités de chaque
territoire.
Contraintes
La réalisation de l’objectif de l’efficacité énergétique
n’est pas une mince affaire, surtout après des années de laisser-aller au
niveau local. Des opérateurs privés avancent qu’il est aberrant de parler
d’efficacité énergétique au moment où le service public, qui est d’aboutir à un
maximum de puissance d’éclairage, n’est pas assuré. Pour eux, il faut jouer la
carte de la transparence dans la relation avec les communes. En clair: «il faut
présenter un projet crédible, avec une évolution en étapes, en prenant en
considération toutes les contraintes». En tête, la vétusté du réseau électrique
au niveau de plusieurs villes.