Quand on construit un bâtiment, les travaux d’excavations
profondes sont très fréquents. Malheureusement, faute de précautions, il se
produit parfois des accidents sur les chantiers. Il s’agit, la plupart du
temps, de l’affaissement des bâtiments mitoyens ou de l’ensevelissement de
travailleurs par suite de l’effondrement des parois de l’excavation.
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La construction de bâtiments et de lotissements en site urbain, qui impliquent des excavations, doit faire dès lors l’objet d’études géotechniques qui permettent de s’assurer de la stabilité des édifices et donc de garantir la sécurité de l’usager, mais aussi de garantir la pérennité de l’ouvrage et en conséquence, la sauvegarde de l’investissement engagé par le maître d’ouvrage concerné. Le Comité Marocain de Mécanique des Sols et de la Géotechnique, étant conscient de cette problématique, a organisé le 7 mai un séminaire sous le thème « Les excavations en site urbain » en partenariat avec l’Ordre des architectes de la région de Casablanca, durant lequel étaient conviés les représentants de différents intervenants.
Le programme a commencé par la présentation de la journée par Mohsine Alaoui Mhamdi, président du CMMSG et directeur général du LPEE, qui a cadré la problématique. Houseine .Ejjaaouani, directeur scientifique et technique du LPEE, fort de sa très riche expérience, a exposé les cas de désordres et de risque du sol, puis Mohamed Jamal Bennouna (ICOTEX), expert dans les questions juridiques, a enchaîné sur les excavations en milieu urbain et la responsabilité des intervenants. En fin de matinée, M.Errouaiti du LPEE, accompagné de Taoufik Benamra (MHPV), ont présenté les attentes des règlements du Code de la construction en matière d’excavations. Le point de vue des architectes a été présenté par Karim Sbai, président de Conseil régional de l’Ordre des architectes de Casablanca. ). Quant à l’ingénierie nationale ; elle était présentée par Yasser Berrada, président de l’AMCI CENTRE. Enfin, l’après-midi a été consacrée aux modalités de délivrance des autorisations de construire par. S.Drissi de l’Agence Urbaine de Casablanca. Elle fut suivie d’un fructueux débat et des recommandations.
La rédaction
Mohsine ALAOUI, Directeur général LPEE
Pourquoi parler aujourd’hui des excavations en milieu urbain ?
M.A : C’est un problème pour lequel il y a un ensemble de cas récurrents. Notre message est de dire : attention ! Quand vous voulez ériger un bâtiment et le construire en profondeur avec des bâtiments mitoyens, vous n’êtes pas seuls dans le coup. Vous avez des voisins auxquels vous êtes adossés et pour lesquels il faut prendre un certain nombre de mesures, sinon de toute manière, ça va se retourner contre vous !
Et comment comptez-vous sensibiliser les professionnels ?
M.A : Nous comptons aboutir en toute logique à la mise en place d’un guide en matière d’études géotechniques, parce qu’en matière d’excavation, il faut prendre en compte les différents mouvements possibles de fouilles et cela nécessite, parfois, des études et des confortements particulièrement compliqués. Nous allons construire progressivement ce règlement de construction qui définira les études minimales à faire en matière de géotechnique. Nous allons traiter les problèmes de la géotechnique tout en sensibilisant l’ensemble des intervenants sur la nécessité de mettre en place des dispositifs qui permettent de minimiser les risques qu’ils peuvent faire encourir aux autres.
Les architectes sont-ils sensibilisés ?
M.A : Les architectes sont complètement mis en cause en cas de sinistre et, lors d’un séminaire, j’en avais parlé au président du Conseil régional de l’Ordre des architectes Karim Sbai en lui disant : attention, il faut vous préparer, on est dans un pays dans lequel il y a eu des orientations royales par rapport à certaines dispositions et donc demain, les gens devront prendre leurs responsabilités.
Est-ce que le Maroc a tout le savoir-faire en matière géotechnique et d’excavations en milieu urbain ?
M.A : Au Maroc, on a des experts qui ont été formés sur des décennies au LPEE. Ils ont suivi des formations, assisté à des séminaires, bénéficié de stages au Maroc et à l’étranger. Je ne vous cache pas que, dans certains cas, les experts étrangers ne font pas le poids devant des personnes comme Ejjaouani, Mansouri et Errouati qui ont une grande pratique. Ces personnes ont eu la chance de suivre et d’étudier par exemple 1800 KM d’autoroute.
Est-ce que la relève est prête ?
M.A : C’est un grand problème qui est lié à la structure des entités, à leur viabilité financière. Le LPEE est une société à but non lucratif avec capitaux étatiques. On est dans une autre sphère par rapport aux autres. Notre laboratoire est structuré comme les grands laboratoires occidentaux, c’est-à-dire que nous avons évidemment des directions techniques et scientifiques qui assurent l’animation des espaces technologiques. Cette direction technique et scientifique coordonne toutes les manifestations techniques des différents pôles techniques. Nous avons le pôle routier, le pôle matériaux, le pôle bâtiment, le pôle géotechnique et cette entité coordonne ces personnes pour travailler en réseau afin de faire de la veille technologique. Nous avons une direction qui s’occupe de la métrologie qui est fondamentale aussi, parce qu’en définitif, quand vous faites appel à un laboratoire, vous lui demandez de vous dire si les caractéristiques des matériaux ou des parties d’ouvrages qui ont été construites sont conformes avec ce qui est écrit dans le cahier des charges. Pour cela, il faut que vous ayez un outil et des personnes fiables.
Comment assurez-vous la qualité de vos services ?
M.A : Nous avons mis en place des systèmes de démarches qualité et un ensemble de procédures car il faut absolument être à l’écoute des clients. Il faut suivre nos techniciens pour nous assurer qu’il n y a pas de laisser-aller. Nous avons une direction de l’audit qui s’assure que les gens font correctement leur travail, car si vous voulez être sûr que vous êtes un laboratoire qui donne une mesure fiable, il faut que vous donniez au client la preuve que vous êtes fiable. En Occident, cette preuve est faite par l’accréditation, et à ce propos nous avons une direction qui s’occupe de faire d’une manière régulière des audits à blanc. Tous les ingrédients d’un vrai laboratoire existent chez nous. Cependant, nous avons, il faut le dire, des difficultés à pouvoir préparer la relève et nous y travaillons. Préparer la relève nous oblige pendant une période à dédoubler nos effectifs afin de préparer le départ de l’autre et cela représente un coût.