21/09/2014

Beaucoup d’investissement, mais peu efficace

La croissance économique sera de 4,7 % en moyenne annuelle jusqu’en 2020. C’est mieux comparé au cinq dernières années, mais l’on est pas encore revenu au rythme d’avant crise. Il faudra une cadence un peu plus soutenue pour intégrer rapidement le club des pays émergents.
«Il nous faudrait une croissance d’au moins 6 à 7%», a laissé entendre Mohamed Chafiki, directeur des études et de la prévision financière (DEPF) au ministère des Finances lors d’une conférence au centre de recherche Links. Cela nécessitera un rééquilibrage des principaux moteurs de la croissance. La consommation des ménages reste un levier fort. En revanche, l’investissement doit jouer un rôle plus important. «L’enjeu stratégique pour le pays est que la croissance des investissements soient plus vigoureuse», avance Chafiki. L’effort d’investissement s’est accentué sur les dix dernières années. Mais le résultat sur la croissance est encore limité. «Il y a un problème de ciblage de l’investissement», estime le haut fonctionnaire. Du coup, le rendement est moins important par rapport à d’autres pays de benchmark. D’un autre côté, l’investissement privé n’est pas au beau fixe. Il y a une légère amélioration depuis le début de l’année mais la croissance est encore molle. Les patrons manquent encore de confiance. Et la petite forme des principaux partenaires commerciaux ne les aide pas vraiment à se projeter sur un horizon un peu plus long. S’il ne fait pas de doute qu’il faut relever le niveau des exportations, cela devrait s’accompagner également d’une diversification des zones d’interventions.
En dehors des Etats européens, d’autres pays comme l’Inde ou encore le Brésil apparaissent sur la carte des zones de destination des produits marocains. Cela dit, le gros des expéditions sur ces marchés est composé principalement de produits phosphatés. Les marchés africains s’érigent aujourd’hui comme un véritable source de développement pour les exportations marocaines. Il faudra attendre encore quelques années pour que les échanges avec le reste du continent se traduisent en points de croissance supplémentaires.
Pour augmenter la taille du commerce extérieur il faut notamment «un ciblage volontariste des métiers à fort contenu de valeur ajoutée», relève Chafiki. L’expérience a bien marché pour l’aéronautique ou encore l’automobile. Ces deux secteurs ont contribué chacun à plus de 17% en moyenne sur les cinq dernières années à la croissance des exportations. Leur contribution à l’emploi a évolué dans des proportions similaires. L’idée est d’étendre ces expériences réussies à d’autres branches d’activités. En outre, «il faudra un nouveau type d’ouverture plus créateur de valeur».
Le challenge est d’avoir une croissance plus forte, mais qu’elle soit également plus inclusive. La qualité de la croissance s’est dégradée ces dernières années puisqu’elle est moins créatrice d’emplois. Chaque point de croissance supplémentaire a permis une augmentation de 0,3 point de l’emploi en moyenne entre 2010 et 2013 contre 0,7 point durant les années 90. L’amélioration ne viendra pas uniquement des points de croissance supplémentaire. Il faudra également travailler sur l’efficience du marché de travail. L’offre est souvent déconnectée de la demande des entreprises. Cela explique le taux de chômage élevé des diplômés de l’enseignement supérieur. Il s’est établi à 19% en 2013.