08/06/2014

Commerce extérieur: Un plan de sauvetage

Après plusieurs mois de gestation, le fameux plan d’urgence du Commerce extérieur vient d’être bouclé. Mohamed Abbou, ministre délégué au Commerce extérieur, a présenté, hier vendredi, en Conseil de gouvernement, le plan national pour le développement des échanges commerciaux sur la période 2014-2016.
Une sorte de plan de sauvetage dans un contexte où le déficit commercial a été multiplié par trois entre 2004 et 2013. Il a même dépassé la valeur des exportations. S’y ajoute la stagnation des transferts des MRE. Ce qui a généré une sévère contraction des réserves en devises qui couvrent à peine 4 mois et demi d’importations contre 9 mois en 2007. A défaut d’objectifs clairement chiffrés en matière de croissance des exportations, Abbou revendique une réforme globale avec une batterie de mesures. Il s’agit d’un plan à part entière qui s’imbrique à plusieurs égards avec la stratégie nationale d’accélération industrielle lancée par Moulay Hafid Elalamy en avril dernier. Par souci de convergence, le plan met à contribution plusieurs ministères, certains projets seront directement pilotés par le chef de gouvernement. Il s’articule autour de 3 axes, 20 chantiers et 40 mesures. Aucune économie n’a été faite sur les détails. Le premier enjeu porte sur la valorisation, le développement et la promotion des exportations. Sur ce registre, le ministre prône une concertation avec le privé pour la mise en place d’un pacte national pour la promotion des exportations. Ce dernier intégrera les différentes stratégies nationales avec un focus sur la composante export en créant les synergies nécessaires. Un plus grand effort de communication sera fait sur les programmes d’appui à l’export au niveau des différentes régions du Maroc, notamment avec la création d’une base de données globale. Les caravanes régionales sont déjà opérationnelles depuis quelques mois. Une attention particulière sera donnée à la simplification des critères d’accès au programme d’appui avec la mise en place d’un visa unique pour l’ensemble des programmes. L’une des principales nouveautés porte sur le renforcement de la veille économique. Des synergies sont à développer avec le département des Affaires étrangères avec le renforcement du rôle des conseillers économiques des ambassades. Ces derniers ne sont pas toujours outillés, ni bien formés pour de telles missions. Ce ministère a toujours été tourné diplomatie au sens politique du terme, plutôt qu’économique. Le Commerce extérieur compte également créer un réseau de conseillers économiques privés avec notamment un objectif de suivi des appels d’offres internationaux, en particulier en Afrique et dans le domaine des services. Sur un plan organisationnel, les représentations de Maroc Export et de l’AMDI vont être regroupées dans une même structure.

Espace publicitaire : Avez-vous besoin d’une formation ou conseil en marchés publics, veuillez prendre directement contact avec le consultant du Centre des Marchés Publics par téléphone au +212 666 716 600 ou par email
Dans cette perspective d’intelligence économique, une analyse minutieuse des accords de libre-échange sera menée pour tirer le maximum d’opportunités au profit des entreprises marocaines. Une commission interministérielle sera chargée de la coordination de la négociation de tous les accords commerciaux avec l’intégration des observations du privé et la réalisation d’études d’impact préalables.
Le ministre Abbou compte s’armer d’outils financiers pour soutenir sa stratégie. Il est question de la création d’une caisse d’investissement et de financement public dédié à l’export. L’outil le  plus attendu porte sur la mise en place d’une caisse de garantie pour permettre aux entreprises de soumissionner aux appels d’offres internationaux en particulier en Afrique. Le ministère étudie également la possibilité de mettre en place des facilitations pour la récupération de la TVA pour les exportateurs ou la possibilité d’achat en exonération de cette taxe.
Le nouveau plan vise également à rationnaliser les importations comme mesure indispensable pour arrêter l’hémorragie de la balance commerciale. Le Maroc se réveille enfin de «sa naïveté» en matière de commerce international. En total respect des clauses de l’OMC, le contrôle douanier sera encore plus renforcé, en particulier dans la lutte contre la sous-facturation et le strict respect des normes NM. Un chantier important est déjà enclenché au sein de la Douane. Malgré certaines réticences, le gouvernement compte accélérer la mise en place d’un système d’identification des entreprises commun entre la Douane, les Impôts et l’Office des changes pour limiter les fraudes. 

Source