15/05/2014

Gestion publique: La corruption toujours là

Plus de 50 ans après sa création, l’Inspection générale des finances (IGF) dénonce aujourd’hui le manque de suivi de ses rapports. Sur les 5.000 réalisés depuis sa mise en place, à peine 28 ont été déférés devant la justice. 

C’est ce qu’a affirmé Idriss Al Andalousi, président de l’association de l’IGF, lors d’un séminaire sur la «gestion publique et les défis de la lutte contre la corruption», organisé hier à Rabat. Selon lui, le manque de suivi des rapports de l’inspection fait perdre à la TGR des millions de dirhams. Le chef de gouvernement, également présent, abonde dans le même sens: «Il faut assurer le suivi des audits de l’IGF. Cela permettra d’améliorer la gouvernance et de couper court aux détournements des biens publics», sans donner plus de précisions. Abdelilah Benkirane prône l’efficience de la dépense publique, qui permettra d’accélérer le processus de développement du pays. 
Le chef de gouvernement a été catégorique: «si quelqu’un veut faire fortune, qu’il ne touche pas aux biens publics». Une formule qu’il a répété à maintes reprises depuis sa nomination à la tête de l’exécutif. Peu importe, Benkirane reconnaît les difficultés d’éradication du problème de détournement de deniers publics. «Le gouvernement a opté dès le départ pour une approche basée sur la probité et la transparence, mais cela n’a pas suffi à éliminer ce fléau», a-t-il dit. Le président de l’association de l’IGF recommande la mise en place de nouvelles mesures permettant de mettre fin à l’enrichissement illégal, particulièrement des mécanismes de reddition des comptes. Selon lui, l’instauration de la déclaration de patrimoine n’a pas permis d’atteindre les objectifs escomptés. Car «les déclarations qui sont déposées n’ont souvent rien à avoir avec l’argent public», a-t-il affirmé. Parallèlement, il a appelé à accélérer la réforme des textes régissant l’IGF. Il convient de rappeler que la refonte a été enclenchée en 2012 pour doter cette institution de la prérogative de réaliser des études stratégiques sectorielles et de saisir directement le pouvoir judiciaire.
En dépit des difficultés à éradiquer la corruption et le détournement des biens publics, Abdelilah Benkirane se veut confiant. A ses yeux, «le Maroc est sur la bonne voie». Pour convaincre, il a rappelé l’éloge fait à Rabat par la patronne du FMI lors de sa dernière visite au Maroc. «Christine Lagarde considère le Royaume comme un modèle dans la région. Pour elle, le Maroc n’applique pas les directives du FMI mais les inspire», a-t-il lancé. Le chef de gouvernement s’est également réjouit de la ligne de précaution décrochée par le Maroc mais jamais utilisée.