La Méditerranée est incontestablement l’une des régions les
plus vulnérables au stress hydrique, à la dégradation des ressources naturelles
et au réchauffement climatique. La Conférence de Rabat pour le développement,
qui s’est ouverte mercredi dernier, a été l’occasion d’approfondir le thème.
Pour faire face aux défis environnementaux, la région méditerranéenne devra
promouvoir de nouvelles stratégies urbaines répondant aux critères du
développement durable, se sont accordés à dire les participants à ce nouveau
rendez-vous. Michèle Pappalardo, magistrate à la Cour des comptes française, a
souligné que la construction de villes durables devrait être au cœur de chaque
stratégie. Ce nouveau modèle de cité ne devrait pas se limiter à la
consommation énergétique. Pappalardo a affirmé que la ville durable doit
également répondre à des objectifs locaux. «Les conditions de vie de l’homme
doivent être placées au cœur de tout projet de cité durable», a-t-elle
souligné. Il n’empêche que «ce nouveau modèle de ville doit être performant en
matière de consommation de ressources naturelles».
En clair, la ville durable met en jeu un projet
environnemental, économique et social. Mais «sa réussite reste conditionnée par
la gouvernance locale», a-t-elle estimé. En effet, l’implication des
collectivités et des habitants dans la gestion des espaces communs est une
composante essentielle du développement durable. Mais au-delà de la gestion
participative, le financement de constructions écologiques nécessite aussi la
même démarche. Les participants ont été unanimes à considérer que l’Etat ne
peut à lui seul financer les projets de villes durables. Ainsi, le partenariat
public-privé se présente comme un levier du développement durable. Pour inciter
les pays de la région méditerranéenne à promouvoir les projets de villes
durables, Eric Mazoyer, DGA de Bouygues Immobilier, a mis en lumière leurs
principaux avantages. Il a cité notamment la réduction du coût de traitement
des bâtiments, la baisse de la facture énergétique des habitants et la
diminution des émissions de CO2.
Du côté marocain, la promotion du développement
durable semble faire partie de la vision du gouvernement. La construction de
villes nouvelles le démontre, comme l’a souligné Ahmed Baroudi, DG de la
Société d’investissements énergétiques.
Par ailleurs, les projets touristiques menés dans
différentes régions du Royaume le prouvent également. Nadia Roudies, secrétaire
général du ministère du Tourisme, a affirmé que la question écologique est
inscrite dans les programmes de ce département, notamment la Vision 2020. Elle
a également souligné que les zones rurales sont un élément vital pour le
développement durable. C’est pourquoi ce ministère a mobilisé 200 millions de
DH dans le programme de «pays d’accueil touristiques». Sans oublier l’appui
financier dont bénéficient les porteurs de projets répondant aux critères du
développement durable, y compris ceux souhaitant construire des gîtes.
Se préparer aux défis
LA population urbaine devrait atteindre 82 millions de DH à
l’horizon 2040. Cette augmentation risque de fragiliser davantage les
écosystèmes. Les participants à la Conférence de Rabat ont mis l’accent sur la
nécessité de se préparer à ce défi. Pour eux, la première mesure à prendre est
de promouvoir le transport en commun et développer des activités en
milieu rural pour mieux maîtriser la forte urbanisation que connaît déjà la
région.