23/10/2013

Le rappel à l’ordre de la BAD


Il y a deux manières d'apprécier les engagements de la BAD (Banque africaine de développement) au Maroc.

Côté pile, le portefeuille des opérations ne comporte plus de projets à risque.
C’est du moins ce qui ressort de la revue de la performance du portefeuille des opérations de la BAD au Royaume, présentée hier à Rabat. Mieux encore, «les gains en efficacité sur les opérations se sont renforcés en 2013», a souligné Amani Abou Zeid, représentante résidente de cette institution financière au Maroc.
Côté face, le partenariat BAD-Maroc se heurte à des obstacles liés à la gestion financière des projets. Parmi ceux-ci, le montage des opérations. En effet, la Banque reproche aux établissements chargés de l’exécution des projets d’entamer les chantiers avant que les études préalables ne soient finalisées. Pis encore, «certains projets ont été lancés sans avoir toute l’équipe nécessaire pour la gestion financière», a déploré Olivier Bretche, chargé des opérations BAD-Maroc. Ce dernier reproche également aux partenaires marocains de présenter des taux de décaissement en déphasage avec le niveau d’avancement des projets et de fournir un reporting irrégulier et de qualité inégale. L’Onep (ONEE après la fusion) fait partie des partenaires rappelés à l’ordre. Dans le cadre de son 10e projet d’alimentation en eau portable, l’Office devra en effet fournir à la BAD les preuves exigées pour la satisfaction des conditions spécifiques au décaissement. Il devra également statuer sur le reliquat à l’origine de l’annulation du financement de la station de traitement de la ville de Taounate dont le coût est estimé à 4 millions d’euros, soit 45 millions de DH. Le département de l’Agriculture est également dans le collimateur de la BAD. Il pourra être privé des dons qui lui permettent de financer son programme de développement des infrastructures d’irrigation si le contrat des consultants n’est pas signé avant fin 2013.
En dépit de ces menaces, la BAD a préparé une série de recommandations permettant au Maroc de préserver sa place privilégiée. Autrement, «la Banque procédera à l’annulation d’un bon nombre de ses opérations», a prévenu Abou Zeid. Elle a d’ailleurs affirmé que la BAD sera plus stricte sur les prorogations des opérations aussi bien de prêts que de dons, qui doivent être assorties systématiquement par des justificatifs réalistes en termes de capacité de réalisation.
Ainsi, la BAD exige un reporting des projets dans le respect des délais et de qualité. Pour y parvenir, le gouvernement est appelé à mettre en place une task force particulièrement pour les dons et tenir des réunions trimestrielles avec les agences d’exécution des projets et les responsables de la banque. Dans le même ordre, il faudra inclure systématiquement un chargé d’acquisition et un responsable de gestion financière dans les équipes d’exécution durant le montage des opérations. En clair, il faudra faire preuve de plus de rigueur en matière d’accompagnement des opérations, particulièrement dans le domaine de la gestion financière.
Performances
Le Maroc est le premier client de la BAD avec un montant d’engagements nets établi à plus de 25,7 milliards de DH à fin septembre 2013. La configuration sectorielle de ce partenariat fait ressortir une forte concentration dans les infrastructures qui représentent près de 90% des engagements. Il s’agit notamment des énergies renouvelables, du transport et de l’assainissement. Les autres investissements viennent en soutien aux réformes publiques, aux programmes d’appui à l’agriculture, au secteur privé et à la formation. Actuellement, 11 opérations d’assistance technique, d’un montant de 8 millions d’euros, sont en cours d’exécution.