13/05/2013

Commande publique: Nouvelles garanties pour la libre concurrence


C’est clairement noté dans la note de présentation du nouveau projet de décret relatif à la Commission nationale de la commande publique: Cette réforme s’inscrit dans le cadre de l’engagement des pouvoirs publics de lutter contre toute pratique de fraude et de corruption. L’idée est également d’opter pour plus de transparence, de liberté d’accès à la commande de l’Etat, d’égalité du traitement et de transparence des procédures.



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Cette commission est présentée comme le garant de la légalité de la passation des marchés. 
C’est dans ce sens que ses attributions ont été renforcées. Mais ce n’est pas tout. «Pour garantir la viabilité du système, il faut faire en sorte que les concurrents n’abusent pas des plaintes sans qu’il y ait de réelles fraudes constatées», a noté un juriste proche du dossier. C’est pour cela que le projet de décret prévoit la possibilité pour cette Commission de «proposer des sanctions à l’encontre des auteurs de réclamations fantaisistes par des exclusions temporaires ou définitives de la participation aux marchés publics». Il s’agit là d’une arme à double tranchant. Celle-ci permettra certes de garantir la pérennité du système en évitant de l’encombrer de dossiers, mais peut aussi s’avérer un outil de règlement de comptes. Quoi qu’il en soit, l’opérationnalisation de cette Commission sera assurée par un Secrétariat permanent, rattaché au Secrétariat général du gouvernement (voir encadré). D’ailleurs, le texte prévoit d’inclure dans le budget du SGG une rubrique réservée à cette instance, dont le président est l’ordonnateur. 
Au niveau du fonctionnement, elle se réunit au moins une fois par mois, sur convocation de son président. Les délibérations se font à huis clos, et les décisions sont prises à la majorité. Si le caractère contraignant des décisions de la nouvelle Commission constitue l’un des principaux apports de cette réforme, ses décisions doivent néanmoins être motivées. Elles peuvent aussi être publiées sur le site web des marchés de l’Etat ainsi que sur celui du SGG.
Secrétariat permanent

LE fonctionnement de la Commission nationale de la commande publique sera assuré par un secrétariat permanent, rattaché au Secrétariat général du gouvernement. Concrètement, il est piloté par un rapporteur général, qui assiste aux réunions, mais sans participer au vote. Il dispose d’un avis purement consultatif. Néanmoins, il s’agit de la véritable cheville ouvrière de cette Commission. C’est lui qui se charge de la préparation et l’instruction des dossiers, de l’établissement des procès verbaux des réunions, et de la notification des avis et décisions aux autorités, maîtres d’ouvrage et concurrents concernés. Il est également chargé de la réception des demandes de consultation, réclamations ou demandes d’examen des difficultés d’exécution des commandes publiques. Outre le rapporteur général, le reste de la composition de la structure du secrétariat permanent sera fixé par un arrêté du Secrétaire général du gouvernement.
Par ailleurs, la Commission nationale de la commande publique peut être consultée par le Chef du gouvernement et le Secrétaire général du gouvernement sur des questions relatives aux marchés publics. Elle peut également être saisie par les ordonnateurs, les ministres ou les établissements publics concernés, le Trésorier général du Royaume, les présidents des conseils des collectivités territoriales… Mais c’est au niveau de la réception des réclamations des soumissionnaires que son rôle sera le plus déterminant. Elle joue le rôle d’arbitre dont la mission est de veiller au respect de la réglementation. Ainsi, elle peut être saisie par les concurrents qui constatent une irrégularité dans la procédure de passation ou un manquement aux obligations de publicité et de mise en concurrence. Elle peut également être interpellée sur les conflits entre l’adjudicataire et le maître d’ouvrage, notamment concernant la difficulté d’exécution d’une commande. Pour les réclamations des concurrents, ceux-ci doivent fournir tous les éléments d’informations et documents dont ils disposent. Si la Commission considère que les éléments présentés sont probants, son président peut demander la suspension de la procédure de passation jusqu’à l’émission de sa décision. Néanmoins, le maître d’ouvrage n’est pas tenu à rester bloqué durant plusieurs mois. L’article 25 du projet de décret a fixé un délai de 30 jours, qui peut être prorogé en cas de complexité de l’affaire. Mieux, la suspension peut ne pas être appliquée si le ministre concerné décide de poursuivre la procédure de passation du marché. Mais la décision du ministre doit être motivée par des considérations urgentes d’intérêt général. Néanmoins, pour ce genre de dossiers, l’avis de la Commission est uniquement consultatif. De plus, si l’adjudicataire ou le maître d’ouvrage saisissent la justice, la procédure de consultation devant la Commission de la commande publique est automatiquement annulée.
Conflit d’intérêt
IMPARTIALITÉ et indépendance vis-à-vis des soumissionnaires et des maîtres d’ouvrage, sont les principaux principes de la Commission nationale de la commande publique. D’ailleurs, le projet de décret prévoit des mécanismes pour éviter les conflits d’intérêt. L’article 18 souligne que c’est «le président de la Commission qui gère les situations de conflits d’intérêt». Si un membre dont le département est impliqué dans une réclamation, il ne peut ni prendre part au vote, ni assister aux délibérations à huis clos de la Commission.
A noter que cette Commission n’est pas habilitée à se prononcer sur des réclamations relatives à des commandes ayant fait l’objet d’un jugement ou en cours d’instruction devant la justice. Cependant, lorsque l’examen du dossier des réclamations recevables, constate des fraudes, elle peut décider l’annulation de la procédure lorsqu’il s’agit d’une irrégularité substantielle. Elle peut également recommander la rectification de l’irrégularité en procédant aux modifications nécessaires, notamment en ce qui concerne le non-respect des règles de mise en concurrence et de publicité.
Composition
LA Commission nationale de la commande publique est présidée par un fonctionnaire. La partie qui devra le désigner n’a pas encore été définie dans le projet de décret. Il est assisté de trois vice-présidents, chargés du traitement des réclamations, des consultations des études dans le domaine des commandes publiques, et de l’élaboration des textes. «La refonte de la composition de cette commission a permis de supprimer certains départements qui n’existent plus, dont les représentants y siégeaient, comme ceux des PTT et du Plan», a fait savoir un juriste proche du dossier. Les représentants d’autres départements continuent d’y siéger comme ceux de l’Equipement et du Transport, des Finances, de l’Habitat, de l’Intérieur, de l’Agriculture, du Commerce, de la Santé. A cela s’ajoutent des représentants de la Direction générale de la législation et des études juridiques du SGG, de la Trésorerie générale du Royaume, ainsi que de certains organismes professionnels comme la FNBTP.