25/05/2012

marché public du BTP: La nouvelle concurrence qui effraie les opérateurs

Crise en Europe, campagne céréalière moyenne,… peu importe la menace sur la croissance. Les professionnels du bâtiment et des travaux publics bénéficient d’une visibilité dont peu de secteurs peuvent se targuer. A moyen terme, ils disposent d’un impressionnant matelas de sécurité à travers les différents plans sectoriels gouvernementaux.
De la logistique en passant par Emergence jusqu’aux plans Maroc Vert et Halieutis, toutes ces politiques sectorielles comportent une importante composante infrastructures. Et ce sont donc des centaines d’appels d’offres qui vont générer des commandes et du travail pour de nombreuses années. A cela, il faut ajouter la dernière tranche du plan autoroutier en cours qui prévoit la construction de 400 km d’ici 2015 et la relance des programmes des logements sociaux. En fait, ce sont tous les métiers qui gravitent autour du BTP qui vont bénéficier de cette météo favorable. Les matériaux de construction, les loueurs et distributeurs de matériel de chantiers et d’engins de travaux publics, les industries de la peinture, les bureaux d’études, les cabinets d’architecture, etc. C’est pour cette raison que le Maroc bipe plus que jamais dans les radars des entreprises de l’Europe du Sud, et il est devenu suite à la grave crise qui frappe l’Espagne et le Portugal, un terrain privilégié pour nombre d'opérateurs de ces pays. L’éclatement de la bulle immobilière et le gel, voire l’abandon d’un certain nombre de programmes publics a entraîné l’irruption d’une vive concurrence des firmes étrangères, espagnoles et portugaises notamment y compris sur des projets de dimension modeste. Ce qui a le don d’irriter les professionnels marocains peu habitués à se battre sur de «petits» marchés avec la concurrence étrangère, celle-ci optant jadis pour les grands travaux d’infrastructure.

«Pas un seul projet d’ouvrage quelle que soit sa taille, n’échappe à cette ruée», fulmine, Bouchaib Benhamida, président de la Fédération Nationale du Bâtiment et des Travaux Publics qui réclame l’application de la préférence nationale. Un concept difficile à décliner sans s’attirer les foudres de l’OMC. Le président de la FNBTP aura eu tout le loisir de l’expliquer au ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la Ville, Nabil Benabdellah qui devait recevoir le bureau de la Fédération hier soir à Rabat.
L’autre conséquence visible de l’éclatement de la bulle immobilière en Espagne et de l’arrêt de nombreux projets et chantiers dans ce pays, est l’arrivée massive du matériel de chantiers et d’engins de BTP de seconde main sur le marché marocain. L’affluence des firmes étrangères au Salon Batimat qui se tient du 23 au 26 mai à Casablanca, confirme cette nouvelle dimension du Maroc auprès des opérateurs européens.

Une étude sur la préférence nationale
Le ministère de l’Equipement et du Transport, gros pourvoyeur de la commande des travaux publics, a diligenté une étude auprès du cabinet Vallyans sur la déclinaison de la préférence nationale dans les marchés publics. Il s’agit de brosser les avantages et les inconvénients de la généralisation de ce concept très délicat. Karim Ghellab en son temps, avait procédé au fractionnement des appels d’offres sur les marchés des grands chantiers, autoroutes et stades de football. Il en a résulté l’émergence de quelques beaux champions qui sont aujourd’hui présents sur des marchés africains et font la fierté des professionnels marocains.