13/06/2011

Entretien* : «Le BTP n’est pas perçu à sa juste valeur» !

-F.N.H : Côté réglementation, quel état des lieux dressez-vous pour le BTP ?
-B.B : La réglementation des marchés publics et, en général celle appliquée au secteur, est très diversifiée. Pour certains aspects, comme la passation des marchés publics, la réforme se fait de manière plus rapide, relativement : un Décret en 1998, un autre plus avancé en 2007, et un autre en préparation.
Mais, d’autres textes très importants, comme le Cahier des Clauses Administratives Générales de Travaux attendent depuis 2000 !
D’une manière générale, la réforme ne se fait pas de façon globale et intégrée pour tous les aspects qui concernent les entreprises et le BTP.
D’autre part, nous manquons d’instruments de suivi et d’évaluation qui permettent de vérifier l’effectivité de l’application des principes de transparence, de concurrence loyale sur le terrain.
Enfin, le système marocain n’admet pas encore la nécessité d’un organe de recours indépendant et diligent en matière de passation, d’exécution et de liquidation des marchés publics.
Ceci dit, notre réglementation est bien avancée par rapport à des pays similaires grâce à l’implication des professionnels. Notre Fédération a joué et joue encore un rôle apprécié de force de proposition.
-F.N.H : Comment expliquer les retards rencontrés sur les grands chantiers lancés et quel en est l’impact ?
-B.B : Beaucoup de retards sont le fait d’entreprises étrangères qui se sont révélées défaillantes.
Il faut savoir que le marché marocain du BTP est totalement ouvert.
Sous l’effet conjugué de la crise financière internationale et l’accélération du rythme de lancement des grands projets d’infrastructures dans notre pays, nous avons assisté et continuons d’assister à une déferlante d’entreprises de tous les pays.
Nous avons constaté que la plupart de ces entreprises, notamment chinoises, turques et portugaises, pratiquent des prix anormalement bas, déstructurant le marché et la concurrence.
Beaucoup d’entre elles se sont avérées incapables de terminer leurs chantiers et ont induit des retards et des surcoûts dans les projets dont elles avaient la charge.
L’impact est négatif à la fois sur les projets, la concurrence et les entreprises nationales.  

*Extrait de l’entretien de «  financenews » avec Bouchaib Benhamida, président de la Fédération Nationale du Bâtiment et des Travaux Publics (FNBTP),