06/05/2011

Transparency Maroc: Lutter contre la corruption passe par les arts

Et c'est la Fabrique culturelle des anciens abattoirs de Casablanca qui abrite cette manifestation qui se décline en trois volets. Il s'agit tout d'abord d'une exposition de travaux réalisés par une vingtaine d'artistes plasticiens à partir d'une expression contre la corruption. Ces œuvres seront mises en vente et 30% des recettes iront au profit de projets initiés par l'association. Il est également question de la présentation, par des écrivains, de leurs textes autour du thème de la corruption et, enfin, d'une saynète de théâtre sur un texte signé Driss Ksikes et mis en scène par Rami Fijjaj. De même, la soirée inaugurale de cet événement a été marquée par la remise du Prix de l'Intégrité à Chakib Elkhayari (président de l'Association Rif des droits de l'Homme) et du Prix spécial de Transparency Maroc à Maître Abderrahim Berrada (membre fondateur de Transparency Maroc et militant de la première heure des droits humains).
« L'idée de ce projet est née depuis 2001. A l'époque, nous n'avions pas encore l'autorisation d'exercer et nous organisions, en partenariat avec le ministère de l'Education nationale, des formations lors desquelles nous travaillions sur le proverbe en tant que forme d'expression banalisant la corruption. En fait, la langue témoigne de l'existence de la corruption à travers des adages très explicites », explique Hakima Lebbar, commissaire du projet et membre du Conseil national de Transparency Maroc. Ainsi, l'idée a été de susciter la créativité de citoyens, toutes couches sociales confondues, exerçant différents métiers et ayant différents niveaux d'études et de les impliquer dans ce projet. «L'idée est de créer, justement, des expressions proverbiales, à partir de la forme syntaxique originale afin d'enfanter des proverbes qui font plutôt dans la lutte contre la corruption», précise Hakima Lebbar. En d'autres termes, il était question de créer, sur la base d'un proverbe existant et qui banalise la corruption, un nouvel adage qui reprend les mêmes mots mais dont la signification est autre, à savoir un sens anticorruption. A titre d'exemple, le fameux « Zid l'ma zid dgig » et dont la traduction approximative est « tant qu'on rajoute de l'eau, il faudra rajouter de la farine » donnerait plutôt : « Ma tzid ma, may fssad âjine » (sans rajout d'eau, la pâte ne risque pas de ''tourner'').
Parallèlement, des élèves issus de quatre classes de différentes écoles ont été associés au projet pour produire des proverbes. En effet, des ateliers ont été organisés avec des élèves de plusieurs collèges à Casablanca, Béni Mellal et Kénitra, et ce pour créer de nouvelles expressions contre la corruption. Des expressions qui ont été gracieusement calligraphiées par Mohamed Qarmad, ainsi que Smail et Rachid Bourqaiba, pour être exposés avec les travaux des artistes. Une fois l'exposition arrivée à terme, chacun des jeunes repartira avec son expression calligraphiée. «A travers ces proverbes, l'on retrouve beaucoup de critiques acerbes, voire des expressions offensant de manière virulente et le corrupteur et le corrompu », souligne Hakima Lebbar. Aussi, avec l'aide précieuse d'Ahmed Tayeb El Alj (dramaturge et poète), Khalid Jamai (journaliste et écrivain), Zakia Iraqui (linguiste, directrice du dictionnaire Colin d'arabe dialectal), Driss Azdoud (chercheur à l'IRCAM) et Ait Maghrad Khettouch (enseignant), une liste d'expressions a été arrêtée et soumise à de nombreux artistes et écrivains pour les inviter à s'en inspirer afin de produire chacun et chacune un travail dans le même esprit. Ce projet engagé autour des expressions proverbiales contre la corruption présente des œuvres plastiques, littéraires et dramatiques inédites, à travers lesquelles des créateurs expriment leur réprobation de la corruption. Par ailleurs, les différentes contributions des artistes plasticiens, écrivains et des auteurs d'expressions feront l'objet d'une publication avec le concours gracieux de Tarik Editions et l'appui financier de la Fondation Friedrich Ebert.

Un combat continu

Depuis sa fondation en 1996, Transparency Maroc s'est appuyé sur l'engagement des intellectuels pour approfondir la connaissance du phénomène de la corruption et améliorer la pertinence de son plaidoyer en faveur de l'intégrité. Le génie créateur des chercheurs, écrivains, poètes, dramaturges, plasticiens et professionnels de la communication a permis à l'association de mieux porter le message de lutte contre la corruption au cœur de la société et en marquer durablement les esprits. Les publications, affiches, agendas, calendriers, spectacles et chansons témoignent de la qualité des travaux réalisés grâce à la participation de tous.
Poursuivant la quête pour le rayonnement de ce plaidoyer, Hakima Lebbar a conçu et développé ce projet autour de proverbes et adages qui évoquent la corruption en langues parlées, arabe et amazigh.
Comme cité précédemment, l'objectif est de créer, à partir de la forme syntaxique du proverbe, de nouvelles expressions qui mobilisent les citoyens contre les pratiques de corruption et appellent à leur condamnation.
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