30/05/2011

Chine : marchés publics, une mine d’opportunités difficile d’accès

L’empire du Milieu jouerait-il solo ? À lire la dernière étude de la Chambre de commerce européenne (CCE) en Chine, il y a de quoi se poser la question. Le document d’une cinquantaine de pages, intitulé Public Procurement in China : European Business Experiences Competing for Public Contracts in China, détaille en effet la façon dont sont attribués les marchés publics, tous secteurs confondus, dans la deuxième puissance économique du globe. Le constat est sans appel : les pratiques actuelles sont à revoir. « Le cadre réglementaire qui gère ce secteur est inconsistant et inégalement appliqué », assurent, en guise de préambule, les auteurs du rapport. Et de lister un à un les problèmes : difficulté à obtenir rapidement une information exacte sur les projets à venir, tendance à la décentralisation des offres, manque de communication sur les critères d’évaluation détaillés des projets, application déloyale des critères d’attribution des marchés publics, etc. Une plongée dans une Chine aux pratiques jugées souvent opaques pour qui y est étranger. « Il faut que ces mauvaises pratiques cessent », assène Gilbert Van Kerckhove, l’homme qui a piloté l’étude au sein de la CCE (voir Témoignage plus loin). « Les Chinois veulent avoir accès au marché européen ou autre, c’est très bien. Mais il faut que l’inverse soit vrai. »
Car, en pratique, l’Empire verrouille à double tour certains secteurs jugés éminemment stratégiques. Il en est ainsi du BTP, par exemple. Aucune société étrangère de construction n’est pour l’heure établie en Chine, « faute d’obtention de licence officielle que Pékin refuse de délivrer », explique M. Van Kerckhove. Dans d’autres domaines (l’architecture notamment, mais aussi le traitement de l’eau, l’énergie, les transports, etc.) être non chinois impose des pré-qualifications qu’il est souvent difficile à obtenir. Souvent aussi un « mariage » – une joint-venture – avec une société locale est obligatoire pour répondre à un appel d’offres. « Et encore ce n’est pas toujours gagnant », reconnaît un Français qui préfère garder l’anonymat. Un étranger, même en joint-venture, peut être écarté par un jury parce que justement, il est étranger. »