En affichant les délais de paiement des entreprises et
établissements publics, le ministère des Finances a effectué un pas important
en vue de l’amélioration de ces pratiques qui polluent l’environnement des
affaires.
La balle est désormais dans le camp du secteur privé où gisent 423
milliards de DH de crédits interentreprises (source: Inforisk 2017).Espace publicitaire : Avez-vous besoin d’une formation ou conseil en marchés publics, veuillez prendre directement contact avec un consultant du Centre des Marchés Publics par téléphone au +212 666 716 600 ou par adresse email bureaucmp@gmail.com
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Transposer les mêmes règles au secteur privé et obliger les
entreprises à divulguer publiquement leurs délais de paiement est plus
sensible. C’est un sujet hautement politique. L’Etat ne veut pas se lancer dans
une bataille frontale contre les mauvais payeurs parce que, parmi eux, il y a
de grands contributeurs au Budget, de grandes entreprises qui assurent les fins
de mois du Trésor. D’où la démarche diplomatique adoptée jusqu’ici. Le ministre
des Finances a encore interpellé les entreprises privées sur leurs délais de
paiement lors d’une rencontre organisée à la CGEM sur le projet de loi de
finances.
Les délais de paiement tels qu’ils sont publiés aujourd’hui présentent
des limites dans la mesure où ils ne reflètent pas totalement le comportement
de paiement des entreprises. Les données sont issues des bilans et renseignent
sur la situation à un instant précis.
Une facture qui a été réglée en dix mois au cours de l’année
n’apparaîtra pas dans les comptes en fin d’année. Inforisk, spécialiste du
renseignement commercial, et son partenaire Dun&Bradstreet sont en cours de
déploiement d’un programme (Inforisk Dun Trade) qui devrait permettre aux
entreprises de disposer d’une information plus fine sur le comportement de
paiement de leurs contreparties.
Ce programme est déjà opérationnel dans plus de 47 pays et
compte plus de 15.000 entreprises adhérentes. En complément des données
bilancielles, Inforisk va recueillir directement l’information auprès des
fournisseurs (en leur garantissant l’anonymat) afin d’établir l’expérience de
paiement d’une entreprise.
L’une des raisons pour lesquelles la loi sur les délais de
paiement est inopérante est qu’elle ne protège pas les entreprises qui en
souffrent. Elles ne peuvent donc pas se reposer sur ce texte pour récupérer
leurs créances de peur de représailles des clients. Dans bien des cas, une
grande partie de leur chiffre d’affaires est concentrée sur trois ou quatre
clients et elles ne veulent pas prendre le risque de les perdre en appliquant
la loi.
Pour une entreprise, le programme Inforisk Dun Trade va lui
permettre de fournir des informations sur le comportement de paiement de ses
partenaires sans compromettre sa relation avec ces derniers. «Les entreprises
ont manifesté un réel intérêt pour le programme. Mais l’opérationnalisation est
plus lente parce qu’il y a une organisation à mettre en place pour remonter des
informations fiables», soutient Khalid Ayouch, président directeur général du
groupe Inforisk.
La société de renseignement commercial a déjà recruté une
dizaine d’entreprises qui lui donnent accès à l’expérience de paiement d’un
millier de sociétés. Inforisk compte sur des relais comme la CGEM, les Chambres
de commerce et les établissements financiers pour rapidement agrandir sa base.