Un peu plus d’un an après le démarrage du partenariat entre
Casa-Settat et l’Ile de France, c’est l’heure des premières concrétisations.
Valérie Pécresse, présidente de la région francilienne (dont Paris est le
chef-lieu), s’est rendue la semaine dernière au Maroc pour participer au Forum
de l’innovation «Futur.E.S in Africa», qui s’est tenu à Casablanca.
Il s’agit là d’un évènement visant à stimuler les échanges
entre les écosystèmes numériques marocains, africains et français. Objectif:
développer l’innovation digitale qui sera érigée en tant que levier de
transformation des territoires pour le bénéfice des citoyens, des usagers, des
entreprises et des visiteurs de la région. Ce déplacement de Pécresse
intervient aussi plus d’un an après la conclusion de l’accord de partenariat
reliant les deux régions (cf. notre édition du 7 décembre 2017).
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Tout l’enjeu étant de
renforcer les liens entre les deux parties, faire le point sur les concrétisations,
voire accélérer des chantiers. Cet accort porte, rappelons-le, sur plusieurs
domaines tels que le développement économique et l’emploi (en offrant par
exemple un cadre privilégié aux investissements croisés), la recherche et
l’innovation (partenariats entre universités franciliennes et marocaines),
l’éducation et la formation (notamment par le biais d’échanges d’expériences
entre les centres de formation par alternance et les lycées professionnels
français et marocains), le développement durable, les énergies renouvelables et
la transition énergétique, mais aussi l’aménagement du territoire, l’urbanisme
et les transports publics.
Autant de secteurs-clés pour
une région qui vient de définir ses priorités pour le mandat de Bakkoury
(2016-2021). Le Plan de développement régional, voté en mars 2017, a défini une
panoplie de projets (dont le financement nécessitera une enveloppe de 115
milliards de DH).
La région Casa-Settat a déjà
identifié des dizaines de projets dans des domaines liés à l’environnement, le
milieu rural, la qualité de vie, le transport, l’emploi, l’urbanisme… Des axes
qui convergent avec ceux du partenariat avec l’Ile-de-France. «L’intérêt de ce
type de coopération est de se tenir au courant des marchés potentiels des deux
côtés. Le simple fait d’avoir accès à l’information sur les marchés publics est
crucial», explique Valérie Pécresse.
L’Ile-de-France compte dans
son tissu économique les leaders mondiaux de la ville durable, parmi lesquels
Veolia, Vinci, Suez, JC Decaux ou bien encore Alstom et Ratp Dev, qui ont
équipé et opèrent le tramway de Casablanca…
Du côté marocain, la région Casa-Settat peut apporter «l’intelligence de sa
jeunesse», selon les termes de la présidente de l’exécutif régional. En effet,
les startups casablancaises pourraient trouver des solutions à des problèmes
français. «Il y a une multitude d’idées similaires qui naissent au Maroc et qui
peuvent être développées en France», insiste Pécresse.
Voilà les principaux axes de
coopération que cette région compte développer avec le territoire de
Casa-Settat :
■ Startups & smart région
L’Île-de-France fait le pari de mettre en place des accélérateurs de startups
dans la région de Casablanca. Valérie Pécresse vient d’ailleurs de mettre en
place avec Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la CGEM, une série de
mesures censées assurer un nouveau décollage au tissu des jeunes pousses de la
région de Casablanca. Pour commencer, des jumelages entre incubateurs seront
créés. L’enjeu est de mettre en place des structures d’accélération pour faire
évoluer les structures innovantes à la fois casablancaises et franciliennes.
L’intérêt est de faire des échanges dans les deux sens pour le partage
d’expériences, avec des facilités de visa. Des acheteurs publics et des maires
franciliens vont s’enquérir des innovations de startups marocaines qui vont
pitcher pour développer des marchés viables et pérennes. «Le vrai sujet pour
les startups n’est pas tant le financement, mais plutôt la recherche de clients
solvables inscrits dans la durée», fait valoir Valérie Pécresse.
■ Transformation numérique et territoire
Tout l’enjeu des grandes villes est de pouvoir anticiper les mutations dans la
technologie en intégrant les ruptures qui s’opèrent. Il y a des métiers qui
sont appelés à disparaître et des milliers d’autres qui devront se créer, voire
se développer à l’avenir. La priorité pour négocier ce virage numérique
consiste à déployer, voire accélérer le très haut débit à l’échelle de
l’ensemble du territoire. Il va falloir fibrer (fibre optique) l’ensemble des
villes, villages et localités... L’enjeu à l’avenir étant de mieux gérer les
flux de transport, optimiser le télétravail, moins de stress, plus de
productivité dans les services/business, et une meilleure qualité de l’air. La
digitalisation implique la naissance de nouveaux métiers et compétences. Là il
y a un gisement d’emplois pour les jeunes informaticiens, développeurs,
codeurs... Il y a également un gros potentiel à recruter des chômeurs de longue
durée, ou des personnes qui optent pour la reconversion professionnelle. Le
numérique devra également apporter de nouveaux services intelligents et
activités de commerce dans les petites localités, les quartiers, les villages...
■ Mobilité/déplacement
L’un des enjeux majeurs du partenariat entre Casablanca et l’Île-de-France
réside dans les solutions de mobilité et transport. Il s’agit d’anticiper les
solutions de demain tout en consolidant les acquis de l’existant. Dans ce sens,
la réflexion va vers les moyens de transport qui privilégient zéro pollution,
qualité de l’air... Tram, train RER, intermodalité, interopérabilité... sont
les maîtres mots. Là encore, il a été décidé de développer de nouvelles idées
avec des start-ups telles que le covoiturage, le télétravail, les aménagements
des horaires de travail... pour limiter les bouchons en heures de pointe.
■ Traitement de déchets/recyclage
Au-delà des solutions de tri sélectif, de recyclage de déchets voire
l’incinération... les deux partenaires sont en train d’examiner de nouvelles
solutions telles que la méthanisation. L’idée est de collecter des déchets
verts pour en faire du compost, et extraire du biogaz pour réinjection dans le
circuit. Des réflexions sont en cours au sujet de la méthanisation pour une
éventuelle réinjection dans des bus qui roulent au biogaz. Au-delà de
l’incinération, il est aussi question d’opter pour la micro-gestion des déchets
au niveau des villes et des exploitations agricoles relevant de la région.
L’Île-de-France en chiffres
Plus
connue sous l’appellation de «région parisienne», l’Île-de-France agit dans la
plupart des domaines qui concernent les 12 millions de Franciliens: transport,
développement économique, environnement, lycées, apprentissage… Sur un espace
qui couvre 2% du territoire français, mais rassemble 18% de sa population et
près de 30% du PIB national, elle compte plus d’un million d’entreprises, soit
plus de 23% du total national (en 2015). Depuis 10 ans, l’Île-de-France est la
région qui a la compétence transport. Chaque jour, 5 millions de passagers
transitent dans le métro parisien et 5 millions d’usagers y empruntent le bus.