08/03/2018

Exclusif-Casa-Settat/Île-de-France: Les solutions et opportunités d’une «smart région» pilote


Un peu plus d’un an après le démarrage du partenariat entre Casa-Settat et l’Ile de France, c’est l’heure des premières concrétisations. Valérie Pécresse, présidente de la région francilienne (dont Paris est le chef-lieu), s’est rendue la semaine dernière au Maroc pour participer au Forum de l’innovation «Futur.E.S in Africa», qui s’est tenu à Casablanca.

Il s’agit là d’un évènement visant à stimuler les échanges entre les écosystèmes numériques marocains, africains et français. Objectif: développer l’innovation digitale qui sera érigée en tant que levier de transformation des territoires pour le bénéfice des citoyens, des usagers, des entreprises et des visiteurs de la région. Ce déplacement de Pécresse intervient aussi plus d’un an après la conclusion de l’accord de partenariat reliant les deux régions (cf. notre édition du 7 décembre 2017).
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Tout l’enjeu étant de renforcer les liens entre les deux parties, faire le point sur les concrétisations, voire accélérer des chantiers. Cet accort porte, rappelons-le, sur plusieurs domaines tels que le développement économique et l’emploi (en offrant par exemple un cadre privilégié aux investissements croisés), la recherche et l’innovation (partenariats entre universités franciliennes et marocaines), l’éducation et la formation (notamment par le biais d’échanges d’expériences entre les centres de formation par alternance et les lycées professionnels français et marocains), le développement durable, les énergies renouvelables et la transition énergétique, mais aussi l’aménagement du territoire, l’urbanisme et les transports publics.
Autant de secteurs-clés pour une région qui vient de définir ses priorités pour le mandat de Bakkoury (2016-2021). Le Plan de développement régional, voté en mars 2017, a défini une panoplie de projets (dont le financement nécessitera une enveloppe de 115 milliards de DH).
La région Casa-Settat a déjà identifié des dizaines de projets dans des domaines liés à l’environnement, le milieu rural, la qualité de vie, le transport, l’emploi, l’urbanisme… Des axes qui convergent avec ceux du partenariat avec l’Ile-de-France. «L’intérêt de ce type de coopération est de se tenir au courant des marchés potentiels des deux côtés. Le simple fait d’avoir accès à l’information sur les marchés publics est crucial», explique Valérie Pécresse.
L’Ile-de-France compte dans son tissu économique les leaders mondiaux de la ville durable, parmi lesquels Veolia, Vinci, Suez, JC Decaux ou bien encore Alstom et Ratp Dev, qui ont équipé et opèrent le tramway de Casablanca…

Du côté marocain, la région Casa-Settat peut apporter «l’intelligence de sa jeunesse», selon les termes de la présidente de l’exécutif régional. En effet, les startups casablancaises pourraient trouver des solutions à des problèmes français. «Il y a une multitude d’idées similaires qui naissent au Maroc et qui peuvent être développées en France», insiste Pécresse.

Voilà les principaux axes de coopération que cette région compte développer avec le territoire de Casa-Settat :
■ Startups & smart région

L’Île-de-France fait le pari de mettre en place des accélérateurs de startups dans la région de Casablanca. Valérie Pécresse vient d’ailleurs de mettre en place avec Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la CGEM, une série de mesures censées assurer un nouveau décollage au tissu des jeunes pousses de la région de Casablanca. Pour commencer, des jumelages entre incubateurs seront créés. L’enjeu est de mettre en place des structures d’accélération pour faire évoluer les structures innovantes à la fois casablancaises et franciliennes. L’intérêt est de faire des échanges dans les deux sens pour le partage d’expériences, avec des facilités de visa. Des acheteurs publics et des maires franciliens vont s’enquérir des innovations de startups marocaines qui vont pitcher pour développer des marchés viables et pérennes. «Le vrai sujet pour les startups n’est pas tant le financement, mais plutôt la recherche de clients solvables inscrits dans la durée», fait valoir Valérie Pécresse.
■ Transformation numérique et territoire
Tout l’enjeu des grandes villes est de pouvoir anticiper les mutations dans la technologie en intégrant les ruptures qui s’opèrent. Il y a des métiers qui sont appelés à disparaître et des milliers d’autres qui devront se créer, voire se développer à l’avenir. La priorité pour négocier ce virage numérique consiste à déployer, voire accélérer le très haut débit à l’échelle de l’ensemble du territoire. Il va falloir fibrer (fibre optique) l’ensemble des villes, villages et localités... L’enjeu à l’avenir étant de mieux gérer les flux de transport, optimiser le télétravail, moins de stress, plus de productivité dans les services/business, et une meilleure qualité de l’air. La digitalisation implique la naissance de nouveaux métiers et compétences. Là il y a un gisement d’emplois pour les jeunes informaticiens, développeurs, codeurs... Il y a également un gros potentiel à recruter des chômeurs de longue durée, ou des personnes qui optent pour la reconversion professionnelle. Le numérique devra également apporter de nouveaux services intelligents et activités de commerce dans les petites localités, les quartiers, les villages...
■ Mobilité/déplacement
L’un des enjeux majeurs du partenariat entre Casablanca et l’Île-de-France réside dans les solutions de mobilité et transport. Il s’agit d’anticiper les solutions de demain tout en consolidant les acquis de l’existant. Dans ce sens, la réflexion va vers les moyens de transport qui privilégient zéro pollution, qualité de l’air... Tram, train RER, intermodalité, interopérabilité... sont les maîtres mots. Là encore, il a été décidé de développer de nouvelles idées avec des start-ups telles que le covoiturage, le télétravail, les aménagements des horaires de travail... pour limiter les bouchons en heures de pointe.

■ Traitement de déchets/recyclage

Au-delà des solutions de tri sélectif, de recyclage de déchets voire l’incinération... les deux partenaires sont en train d’examiner de nouvelles solutions telles que la méthanisation. L’idée est de collecter des déchets verts pour en faire du compost, et extraire du biogaz pour réinjection dans le circuit. Des réflexions sont en cours au sujet de la méthanisation pour une éventuelle réinjection dans des bus qui roulent au biogaz. Au-delà de l’incinération, il est aussi question d’opter pour la micro-gestion des déchets au niveau des villes et des exploitations agricoles relevant de la région.

L’Île-de-France en chiffres
Plus connue sous l’appellation de «région parisienne», l’Île-de-France agit dans la plupart des domaines qui concernent les 12 millions de Franciliens: transport, développement économique, environnement, lycées, apprentissage… Sur un espace qui couvre 2% du territoire français, mais rassemble 18% de sa population et près de 30% du PIB national, elle compte plus d’un million d’entreprises, soit plus de 23% du total national (en 2015). Depuis 10 ans, l’Île-de-France est la région qui a la compétence transport. Chaque jour, 5 millions de passagers transitent dans le métro parisien et 5 millions d’usagers y empruntent le bus.