Pour le FMI mais aussi bien pour la Cour des
comptes, le niveau d’endettement du Maroc inquiète. Pour les experts du
Fonds, le gouvernement marocain devra redoubler d’efforts pour réduire, de
manière graduelle, la dette publique sur le moyen terme.
La dette totale du
Trésor a augmenté à environ 63,4% du PIB en 2014 à 63,6% en 2015. Elle
atteindra 64,4% en 2016. Plusieurs institutions nationales (HCP, CMC, BAM …)
ont analysé la capacité de l’économie marocaine à supporter le service de la
dette. Le dernier rapport alarmant est celui de la Cour des comptes. Si le taux
du déficit budgétaire a connu une diminution, en revanche la dette du Trésor a
continué à augmenter au cours des deux dernières années, bien que sa part dans
le PIB soit restée stable (63,4%) en 2015. En ce qui concerne la dette
publique, y compris la dette bénéficiant de la garantie de l’Etat, son volume a
connu une hausse en passant de 743 milliards de dirhams en 2014 à 807 milliards
de dirhams en 2015, soit une augmentation en valeur qui dépasse les 64
milliards de dirhams, pour atteindre un niveau représentant 81,3% du PIB. Le
Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a promis devant le Parlement que le
«taux d’endettement devrait réemprunter son trend baissier à partir de 2017».
Il a rappelé qu’en 2015, l’encours de la dette extérieure du Trésor s’est
établi à 140,81 milliards de dirhams, soit 14,3% du PIB. La dette extérieure
des établissements et entreprises publics a atteint près de 160 milliards de
dirhams, soit 16,3% du PIB. Le gouvernement marocain a œuvré à ramener le
déficit commercial à 3,5% du PIB d’ici fin 2016, contre 7,2% en 2012.
Le Maroc figure dans la catégorie des 16 pays pauvres
peu endettés sur le continent africain, d’après le rapport 2016 de la Cnuced
sur «Le développement économique en Afrique, Dynamique de la dette et
financement du développement en Afrique»(1). La dette concessionnelle
représentait plus de 20% de la dette extérieure totale entre 2011-2013. Par
ailleurs, le stock de la dette extérieure équivalait à 35,4% du revenu national
brut sur la même période, soit 8,5 points de plus que les années 2006 à 2009.
La Cnuced met en garde contre l’endettement de certains pays,
qui paraît insoutenable. Elle estime que «si leurs ratios d’endettement
extérieur semblent gérables, les Etats africains doivent néanmoins prendre des
mesures pour éviter que l’accroissement rapide de la dette n’aboutisse à une
crise comparable à celle de la fin des années 1980 et des années 1990».
Grâce à une décennie de forte croissance, beaucoup de pays du continent
ont pu accéder aux marchés financiers internationaux. Entre 2006 et 2009, les
pays africains ont vu le stock de leur dette s’accroître en moyenne de 7,8% par
an. Ce taux ayant même atteint 10% par an entre 2011 et 2013, de sorte que la
dette totale a atteint 443 milliards de dollars en 2013, soit 22% du revenu
national brut.
L’une des recommandations de la Cnuced est que les pays
africains devraient rechercher des sources de financement complémentaires
telles que les envois de fonds, les partenariats public-privé et surtout lutter
contre les flux financiers illicites. Si les envois de fonds vers l’Afrique
présentent une forte concentration (le Nigéria, l’Egypte et le Maroc comptant
respectivement pour 33%, 31% et 11% du total). Ils constituent aussi une
contribution appréciable au PIB et/ou une importante source de devises.
Alors que les Etats doivent être vigilants face aux risques associés à
l’emprunt, les partenariats public‑privé commencent à jouer un rôle plus
important dans le financement de l’infrastructure. C’est ce schéma qui est
décliné à Tanger Med et demain à Nador West.
(1) Le rapport est publié au moment où se tient la
quatorzième session de la Cnuced du 17 au 22 juillet à Nairobi et en prélude de
la réunion les 23 et 24 juillet en Chine (Chengdu), des ministres et
gouverneurs des Banques centrales du G20 Finances.