18/01/2016

Autoroutes du Maroc : Les PPP, une alternative

Le ministère tutelle étudie des pistes de développement des partenariats public-privé dans le domaine des autoroutes avec comme principal objectif de réduire la charge d’investisement.

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Faut-il maintenir le même modèle économique pour les futurs investissements dans les autoroutes ? C’est l’une des questions majeures à laquelle il faut répondre avant la signature du prochain contrat programme entre l’Etat et ADM. Jusque-là, cette dernière s’est principalement appuyée sur l’endettement pour le financement des différents investissements prévus dans sa feuille de route 2008-2015. En tout, sur près de 57 milliards d’investissements, ADM a en effet emprunté près de 40 milliards de DH. Elle traîne aujourd’hui une lourde ardoise sur son passif et qui nécessitera plusieurs années pour être épongée. Si l’on se base sur le rythme de remboursement de ces dernières années et qui tourne autour de 2 milliards par an, il faudra jusqu’à 20 ans pour qu’ADM se libère de son endettement. Or, la conclusion d’un nouveau contrat programme devrait pousser Autoroutes du Maroc à mobiliser des financements supplémentaires pour la réalisation des investissements prévus. Si elle recourt une nouvelle fois à l’endettement, son ardoise va s’alourdir davantage, générant encore plus de charges financières et plongeant la société dans un gouffre encore plus profond et dont elle ne pourra sortir qu’après plusieurs décennies. L’endettement est-il donc l’option la plus pertinente pour le financement des futures autoroutes ?
Avant d’y répondre, il y a lieu de rappeler que le top management d’ADM avait expliqué il y a quelques mois que ce modèle basé sur l’endettement a tout de même le mérite de limiter le recours aux actionnaires pour le financement des investissements. Dans un contexte où les finances publiques sont serrées, le recours aux actionnaires imposerait des injections massives de cash par l’Etat dans les comptes d’ADM.
Cependant, force est de souligner que c’est à cause de l’importance de la dette d’ADM que celle-ci se retrouve quasiment chaque année avec un déficit de plus d’un milliard de DH que l’Etat se retrouve régulièrement contraint d’éponger par des augmentations de capital. Si de nouvelles dettes sont contractées, ce déficit s’en trouvera naturellement alourdi, impliquant de nouvelles injections de capitaux. De plus, la dette d’ADM est généralement contractée auprès de bailleurs de fonds étrangers, ce qui expose la société aux risques de fluctuation des taux de change. Certes, jusque-là, elle en a surtout bénéficié, avec la baisse du dollar en 2013 et qui a permis à ADM de terminer l’année avec un déficit de 148 MDH seulement. Cependant, ADM reste exposée à une éventuelle hausse du dollars durant les prochaines années, ce qui alourdirait davantage son déficit.
C’est dire que finalement c’est un cercle vicieux dans lequel est plongé l’Etat. Mais a-t-il d’autres choix ? Il semblerait que la réponse est positive. Le ministère de tutelle étudie en effet des pistes de développement des partenariats public/privé dans le domaine des autoroutes avec comme principal objectif de réduire la charge d’investissement supportée par ADM ou l’Etat. Parallèlement, une étude est menée sur la restructuration financière de la société et dont les conclusions sont appelées à étayer les engagements devant être pris dans le cadre du futur contrat programme avec l’Etat. Pour l’heure, peu d’informations filtrent sur comment cette restructuration sera menée. Néanmoins, auprès d’ADM, on signale qu’elle pourrait permettre non seulement d’améliorer le bilan de la société, mais aussi renforcer ses capacités de financement et améliorer le remboursement des crédits de TVA pour un montant de 4 milliards de DH.
En attendant, ADM peut compter sur la bonne tenue de ses indicateurs d’exploitations pour limiter l’impact des budgets d’investissement. Le trafic autoroutier est en effet en croissance continue. En 2014 par exemple, 17,6 millions de véhicules ont emprunté le réseau autoroutier national, ce qui a permis de générer une recette de péage de 2,32 milliards de DH, soit une progression du chiffre d’affaires de la société de 2,4% par rapport à 2013 et une amélioration de l’excédent brut d’exploitation de 3,5% par rapport à 2013, à 1,66 milliard de DH. L’ouverture à la circulation du tronçon Berrechid–Khouribga cette année, ainsi que l’inauguration de l’autoroute El Jadida-Safi prévue en 2016, devrait permettre à ADM d’améliorer davantage son chiffre d’affaires sur les exercices 2015 et 2016, un soulagement en attendant que des solutions concrètes à la problématique de l’endettement soient trouvées.



SourceLe premier semestre 2015 a été marqué par trois événements majeurs liés à la situation financière d’Autoroutes du Maroc. Le premier est une augmentation de capital de 2,28 milliards de DH qui a porté le capital social de la société à 15,7 milliards de DH. Ceci dit, le montant des capitaux propres à fin juin 2015 se limitent à 9,23 milliards de DH seulement en raison notamment d’un important report à nouveau inscrit dans les comptes de la société et qui dépasse les 5,4 milliards de DH. Le deuxième évènement concerne pour sa part une convention de prêt avec le Fonds arabe pour le développement économique et social pour un deuxième financement de l’autoroute El Jadida-Safi. Ce prêt porte sur un montant d’environ 900 MDH. ADM a enfin levé un emprunt obligataire de 600 MDH, qui porte le total des dettes obligataires inscrites sur son bilan à fin juin 2015 à 16,37 milliards de DH. Cela représente plus de 40% du total des dettes de financement d’ADM.